Découvrir Steve McQueen par 12 Years A Slave n'est certainement pas la meilleure idée que j'ai eue. Typiquement le film à oscar, cette oeuvre est franchement décevante sur un thème qui ne pouvait qu'amener une forme de consécration pour le réalisateur.
Commençons par des points positifs; le film est filmé de manière remarquable, j'aime cette caméra qui prend le temps de se balader dans les plantations pour montrer la labeur des esclaves noirs ou pour simplement magnifier, de temps à autre, les paysages. La photographie est irréprochable et les acteurs sont tous excellents, Chiwetel Ejiofor en tête qui atteint certainement avec ce film la consécration qu'il méritait d'avoir, déjà auparavant.
Techniquement donc, l'oeuvre est donc réussie, mais d'après ce que j'ai pu comprendre, cela semble tout à fait normal de la part de ce cinéaste.
Je reste nettement plus circonspect quand au thème et à la manière dont il est traité. Il n'y a pas de réel génie dans la manière dont nous sont montrées les choses. Le scénario s'obstine à présenter douze ans de la vie d'un esclave en deux heures. Les transitions sont parfois mal foutues, c'est difficile de suivre tout le cheminement. J'aime encore moins les espèces de flashback insérés dans le récit, parfois tombant comme un cheveu dans la soupe.
Bien entendu, je n'ai rien contre cette réalité montrée, mais elle est faite sans génie. Je trouvais que Tarantino parvenait à évoquer ce sujet de bien meilleure manière avec Django Unchained, à travers son humour noir et sa façon de faire. Ici, d'un point de vue du scénario, c'est le calme plat: tout est fait pour faire pleurer dans les chaumières, montrer la dure labeur donc, les coups de fouet (qu'on ne se prive pas de montrer sans que ça ne fasse scandale. Tarantino a reçu des foudres de certains confrères pour moins que ça. On avait limite porté au bûcher Gibson pour le moment où le Christ se fait fouetter) et évidemment ces gros moments d'émotion pour toucher le spectateur. Il y a énormément de facilités.
12 Years a Slave est donc le film à Oscars par excellence: une histoire tragique tirée de faits réels, d'excellents acteurs, un bon cinéaste mais un scénario n'évitant absolument pas les poncifs du genre.
Mais bon, comme je ne suis ni esclavagiste ni nazi (ben oui, Rose !), j'ai quand même senti la petite pointe au coeur avec le plan final de cette famille à nouveau réunie.