I'm not a number, I'm a free man!
12 Years a Slave raconte l'histoire d'un afro-américain, libre, au milieu du XIXème siècle. Et puis un jour, il se fait enlever à Washington et sera vendu comme esclave dans un état du sud. Après douze ans, il parviendra à regagner sa liberté. C'est adapté d'une histoire vraie et… Et c'est à peu près tout en fait parce que 12 Years a Slave est avant tout un film qui vous balance la pleine violence de la haine raciale dans la figure. Ca prend aux tripes et ça ne vous lâche pas. Pourtant, il n'y a aucun excès de violence. Non, les scènes frappent juste très fort et exactement là où nécessaire sur votre conscience.
Seulement voilà, au delà de ça, c'est un petit peu vide. Certes, la vie réelle d'un esclave n'a rien d'une folle aventure mais la "narration" paraît simplement effleurer la psychologie des personnages. Les clés nous sont offertes mais nous devons nous contenter de les regarder parce qu'il est déjà temps de passer à la scène suivante. Les transitions entre elles sont douces et discrètes, rien ne vient perturber la progression de l'histoire alors nous avançons sans guère nous retourner. Ce ne sont pas non plus les dialogues qui nous empêchent de réfléchir car il y a sans doute autant de temps passé à écouter les protagonistes qu'à les regarder vivre. Mais ce n'est ni un défaut, ni une qualité. Il s'agit simplement d'un parti pris de réalisation. Même le passage du temps se fait discret. Les douze années s'envolent quasiment d'un claquement de doigt. Ce sont douze années qui ont été volées à la vie de Solomon Northup, douze années un peu floues, douze années disparues avec l'esclave Platt qu'il a été contraint d'être…
Il y a aussi quelques cordes qui vibrent étrangement dans ce film et dont la plus marquante est sans doute Bass, personnage incarné brièvement par Brad Pitt, co-producteur sur cette réalisation. Dans l'avancée de l'histoire, cet homme apparaît bizarrement. En fait, il est presque difficile de croire que ce "gentil" blanc n'est pas là pour donner au célèbre acteur le seul rôle "bon". En fait, l'impression que l'on peut avoir en repensant à ce film est que le spectateur est toujours laissé un pas en arrière. Le pas qu'il faut pour le laisser derrière l'écran plutôt qu'à l'intérieur. Et c'est un petit peu dommage, j'aurais voulu conserver l'impression que l'on m'avait impliqué autrement qu'en me broyant les sentiments.
Cela dit, ce n'est pas un mauvais film. 12 Years a Slave a de la poigne et un assez bon rendu. Mais il paraît un peu trop lisse pour vraiment impliquer le spectateur et c'est dommage sur un sujet pareil.