"On ne peut rien contre une fille qui rêve."
Aux USA, en 2008, un groupe de jeunes filles a fait le choix osé de tomber enceintes simultanément. Une décision prise en réponse au mal-être de leur pays alors en plein dans la crise des subprimes. La grossesse est vue comme un moyen de se détacher du modèle familial, puisque pour elles, un enfant est synonyme d’indépendance totale.
Les deux sœurs Delphine et Muriel Coulin ont choisi de transposer le fait divers américain dans leur ville natale : à Lorient. Les réalisatrices ont préféré ne pas juger les jeunes filles sur les raisons qui les motivent à porter un enfant. Pourtant, difficile de cautionner le fait qu’elles désirent égoïstement un enfant pour leur plaisir personnel. Les amies s’imaginent une utopie, vivre toutes ensemble dans une grande maison, en se partageant la garde et les tâches ménagères. Pour moi, ce sont de mauvaises raisons. Heureusement, les sœurs Coulin n’oublient pas de conclure leur film (de façon trop expéditive) en faisant redescendre sur terre les adolescentes. Leur projet était un rêve, la vie qui passe peut être cruelle. L’erreur a été faite et il leur sera impossible de revenir en arrière.
Mais ce n’est pas parce qu’elles réagissent futilement que les jeunes filles sont inintéressantes. Leurs erreurs et leur raisonnement bancal fait tout leur intérêt. Dans les dix-sept comportements plus ou moins développés qui nous sont donnés à voir, on reconnaît bien l’adolescence du XXIè siècle. Dans leur façon de parler contemporaine, leurs intonations et leurs expressions, les jeunes filles sont crédibles.
Tout comme l’écriture des personnalités de chacun des protagonistes, les performances sont inégales. Louise Grinberg brille dans sa vision de Camille, leader charismatique ayant insufflé ses idées dans l’esprit de ses meilleures amies. Si Esther Garrel, ayant pour elle son héritage familial, interprète correctement son personnage, les autres actrices, plus ou moins expérimentés livrent une performance plus fade.
Pour leur première réalisation, les sœurs Coulin n’ont pas à rougir. Leur mise en scène froide et réaliste colle au style proche du documentaire. Le ciel, que l’on peut percevoir comme symbolique de liberté infinie, occupe une place importante dans une grande partie des plans. Elles qui sont rattachées à la terre, occupent une infime place à l’écran face à la suprématie du ciel, ou à celle des adultes. Ces plans sont jolis, tout comme ceux, fixes, présentant des jeunes filles en proie à l’ennui dans leurs chambres. La bande-son sélectionnée est sympathique, mais est mal mise en valeur à cause de coupures brutales.
« 17 filles » est tout de même un bon film social français, s’adressant autant à l’adolescence qu’aux adultes.