Par où commencer ?
2001: A Space Odyssey est sûrement le film le plus impressionnant que j’ai vu. C’est un chef-d’œuvre sur plusieurs aspects, aussi bien sur la technique que la créativité et l’originalité du film. Il a créé les codes du long-métrage de science-fiction moderne sans jamais être dépassé par un autre film du genre. En effet, Stanley Kubrick apporte des concepts novateurs mais je préfère éviter les termes comme « avancé pour son temps » car c’est assez réducteur, comme si à l’époque on ne pouvait pas réaliser de grandes choses. Kubrick était extrêmement novateur, créatif et surtout très doué.
D’un point de vue technique, 2001 représente 205 plans avec trucages et un processus minutieux d’environ 16 000 étapes pour arriver à ce résultat titanesque au niveau des effets spéciaux. C’est très impressionnant de savoir qu’il a fallu à peu près 2 ans et demi pour réaliser les trucages et un an et demi pour la préparation. 2001 était un projet ambitieux où Kubrick a fait appel à énormément d’ingénieurs et de spécialistes pour donner un résultat le plus réaliste possible. Même l’ayant vu en 2025, la scène du jogging dans le vaisseau en forme de roue m’a scotché. Kubrick fait preuve de beaucoup d’inventivité, il veut réaliser une expérience cinématographique jamais vue auparavant et c’est absolument réussi.
Pour moi, c’est 2001, Odyssée humaine, et l’influence de ce monolithe noir sur notre espèce. Une forme de vie extérieure qui aurait changé l’humanité à jamais en ayant développé la violence. Par exemple : le singe qui découvre qu’il peut utiliser l’os (un outil) pour détruire, ensuite il tue un animal puis un singe d’un groupe adverse après que le monolithe noir soit apparu. C’est mon interprétation, mais encore elle peut changer au fil du temps et évoluer à la suite de plusieurs visionnages.
Pendant que je regardais le film, je ressentais le vide de l’espace et en même temps son immensité. J’étais perdu dans cette dimension de vide existentiel qu’inspire l’espace. Les personnages sont dénués d’émotions, sans histoire particulière. Hal 9000, l’ordinateur intelligent m’a terrifié, on ne peut que le comparer à l’intelligence artificielle de maintenant, ce qui le rend plus crédible et percutant avec la réalité dans laquelle on vit, où l’IA est très présente dans nos vies du quotidien. Kubrick partage très peu d’explications sur son œuvre. Il préfère laisser chacun avoir sa propre interprétation, ce que je trouve bien mieux car il nous mène à réfléchir et à développer son propre ressenti.
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Mon interprétation sur HAL 9000:
Hal, l’ordinateur intelligent du vaisseau, est un personnage central. L’erreur qu’il commet sur l’antenne de communication est peut-être réelle. Sa réponse, elle, est, selon moi, construite comme le fonctionnement du cerveau humain. Il perçoit avec ses sens (caméra et micro pour Hal) une situation puis traite ces données grâce à une analyse faite par des zones du cerveau comme l’amygdale, l’hippocampe et le cortex préfrontal (pour Hal, cette étape se fait par des signaux informatiques envoyés entre différentes zones du superordinateur). Après cela, en fonction de l’analyse, le cerveau libère des neurotransmetteurs et des hormones qui créent des réactions physiques comme pleurer, rougir, etc. Encore une fois, pour Hal, cela se fait par le biais de signaux ou plutôt de codes informatiques. Enfin, vient l’étape de l’interprétation consciente où le cortex cérébral traduit ces étapes en émotions qu’on interprète. Ex : je suis triste, je suis heureux, et cette émotion influence la pensée et le comportement. Ex : décider d’aller voir un spectacle d’humour parce qu’on est triste. Dans le cas de Hal, il aurait réagi à son erreur par ce processus, mais se serait mélangé, car il n’avait jamais commis d’erreur auparavant. Il se serait planté dans son circuit informatique interne et aurait développé une réaction de défense. Sa mission de conduire le vaisseau jusqu’à Jupiter serait devenue son seul but et verrait les astronautes comme des antagonistes potentiels face à sa mission. C’est assez complexe mais c’est comme ça que je l’ai perçu. Cet ordinateur, forme finale de l’outil, évolution de l’os (du début du film), se serait retourné contre ses créateurs.
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J’ai adoré la séquence psychédélique appelée « La porte des étoiles ». Elle représentait bien le voyage dans l’espace-temps puis l’entrée dans une dimension inconnue. Les grands plans de paysage avec un filtre coloré étaient aussi étranges. Je trouve que ce passage sépare le film en deux parties, notre monde et un endroit où le monolithe amène le personnage principal. Une sorte de dimension parallèle où l’on ne sait pas si le temps passe normalement ou super vite. Ce sont des plans champs contrechamps très bien réalisés qui créent cette confusion, pendant la scène qui se passe dans la pièce style 18éme, vers la fin. Là aussi, Kubrick nous laisse interpréter.
2001 : a Space Odyssey est un monument du cinéma, pilier des films de science-fiction. Ouvert à toutes les interprétations possibles, il est perçu différemment par tout le monde, ce qui fait sa force. Même après 57 ans, le film n’a pas vieilli. Il continue de faire parler de lui par sa technique et son originalité. J’ai l’impression que mon ressenti sur ce film changera tout au long de ma vie, c’est le genre d’œuvre qui bouleverse, impressionne et fait réfléchir sur notre propre existence.