C'est un de mes meilleurs souvenirs cinématographiques à l'adolescence … J'étais pensionnaire à l'époque (vers 1971 ou 72 – je devais être en seconde ou première). Un pion, subjugué par ce film qu'il venait de découvrir, avait organisé une sortie pour les pensionnaires intéressés dont il avait la charge le soir … Il y avait donc le contexte de la sortie, le pion dont les yeux brillaient d'émotion à l'idée de revoir le film et puis il y avait le spectacle inouï et inoubliable sur grand écran …

2001, c'était 30 ans plus tard. Quand on a 16 ans, autant dire l'éternité. Ce film est un véritable paradoxe car, vu d'aujourd'hui en 2025, c'était il y a 24 ans. Et quand il y a eu cette affaire (je devrais dire immense escroquerie intellectuelle et mondiale ^^) du bug de l'an 2000, beaucoup de gens (dont moi) ne pouvaient s'empêcher de penser à "2001" (et au dysfonctionnement de HAL).

J'ai revu ce film ultérieurement au moins une fois au cinéma (années 77 ou 78) puis, bien sûr grâce à la magie du DVD.

Il se passe d'ailleurs quelque chose de troublant avec ce film qui ne se produit pas souvent chez moi. Comme je le connais très bien ce film, je peux me permettre à chaque visionnage de m'extraire de la scène pour regarder des détails secondaires de l'image et c'est rare que je ne découvre pas quelque chose d'insolite que j'avais soit oublié, soit négligé ou soit vu avec un autre regard. C'est d'autant plus facile à faire que beaucoup de cadres sont fixes avec énormément de détails ou de personnages qui ne participent pas directement à l'action mais qui observent ou font autre chose …

Et, encore aujourd'hui, la magie fonctionne toujours. Les images, les scènes modernes à l'époque et qui tiennent encore la route aujourd'hui. Un véritable plaisir des yeux et des oreilles.

Le film procède d'une ambiance qui nécessite qu'on regarde sans vouloir nécessairement donner une explication à ce qu'on voit, une ambiance qui nécessite qu'on plonge dans cet immense univers ou, je devrais plutôt dire, dans cet immense espace-temps.

Et puis, il y a les transitions entre certaines scènes qui sont extrêmement travaillées et qui sont saisissantes. Une spécialité chez Kubrick. Comme celle qui fait basculer de l'ère des hominidés à celle de nos jours (enfin, 1999) avec "le beau Danube bleu" ou encore celle qui fait basculer de la scène sur la Lune au voyage vers Jupiter accompagné du magnifique adagio tiré de Gayaneh de Khatchatourian.

Bien sûr, je n'oublie pas les deux transitions liées directement au monolithe qui donne aux hominidés l'idée d'une arme pour tuer, ni celle qui transforme Bowman en enfant stellaire, dont on ne sait pas s'il sera bienveillant ou au contraire une menace pour la Terre. Ces deux transitions sont accompagnées par la célébrissime ouverture du poème symphonique "Ainsi parlait Zarathoustra" de Richard Strauss.

Le quatrième chapitre ! Il s'intitule "Jupiter et au-delà de l'infini". Voilà quelque chose qui m'avait épaté dès la première fois et qui ne me fait plus que sourire (de plaisir) aujourd'hui. On sait ou on se doute de ce qu'est l'infini : c'est ce machin théorique qu'on ne peut jamais atteindre en mathématique : la division par zéro, l'asymptote, quoi. Mais "au-delà, de l'infini", qu'est-ce que ça peut être ? Je me souviens de discussions enflammées sur ce sujet avec les copains qui n'aboutissaient jamais à rien, évidemment. À l'époque, le scénariste A.C. Clarke avait voulu donner des explications en publiant un roman d'après son scénario. Je viens d'en relire encore quelques pages. Mais non, je veux rester avec la fin ouverte, avec mon imagination au pouvoir, qui varie au fur et à mesure des visionnages …

Et puis, pour finir, il y a le fameux HAL (dont les lettres décalées d'un cran font transformer le nom en IBM …), l'ordinateur surpuissant qui défaille parce qu'il est faillible (comme toute machine créée par l'homme ?) ou qui défaille parce qu'il veut prendre le pouvoir sur l'homme ? Là encore, j'aime que le débat reste ouvert. Et ce débat est on ne peut plus actuel avec l'IA qui se développe aujourd'hui …

Ce film de Kubrick fait partie de mes incontournables, de mes films références. Il va rejoindre la liste des films notés 10.


JeanG55
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