Souvent considéré comme un chef-d’œuvre du cinéma de science-fiction, 2001 : L’Odyssée de l’espace est pourtant un film qui peut laisser une grande partie du public complètement froid, voire profondément frustré. Derrière son vernis esthétique impeccable et son ambition métaphysique, l’œuvre de Stanley Kubrick se révèle parfois prétentieuse, hermétique et émotionnellement vide.
Le principal reproche tient à son rythme d’une lenteur quasi hypnotique. Les plans interminables de vaisseaux spatiaux dérivant dans le vide, accompagnés de musiques classiques majestueuses, finissent plus par endormir que par émerveiller. Kubrick semble s’enfermer dans une contemplation stérile de la technique et du symbolisme, oubliant de raconter une histoire à la fois claire et humaine.
Les personnages sont désincarnés au point d’en devenir accessoires. On peine à s’attacher à qui que ce soit : les astronautes sont des figures froides et mécaniques, et paradoxalement, c’est le superordinateur HAL 9000 qui dégage le plus d’émotion. Ce déséquilibre rend le film presque ironique : dans sa quête de transcendance, Kubrick humanise la machine et déshumanise l’homme.
Quant à la dernière partie du film, censée représenter l’apothéose spirituelle de l’humanité, elle tourne à la confusion pure. Le spectateur est bombardé d’images abstraites, de couleurs psychédéliques et de symboles obscurs, sans la moindre clé d’interprétation. L’ambition philosophique vire au charabia pseudo-intellectuel, où chacun est invité à “voir ce qu’il veut”, faute de sens véritable.