Du haut de ses 66 ans, 20 000 lieues sous les mers garde toujours autant de panache et de merveilleux. L’histoire de Jules Verne est déjà à la base fantastique et visionnaire (malgré sa vision très ethnocentrée et masculine), et son adaptation est magistrale, riche et ambigüe. Fleischer équilibre très bien l’aventure, la comédie et les dialogues et fait de son film un pur divertissement accessible aux petits comme les grands avec également plusieurs niveaux de lecture. C'est assurément le Disney le plus sombre et le plus profond et son message résonne encore aujourd'hui. Le capitaine Nemo est un personnage fascinant dans sa noirceur, dans ses blessures et dans son égoïsme qu’il justifie pourtant par une forme d’utilitarisme.
Ce qui a permis au film de vieillir aussi bien c'est son authenticité et sa qualité technique : décors réels, plan filmé sur ou sous l'océan, maquettes, etc. On ressent très bien le poids de l'eau dans le mouvement et le jeu des acteurs. Même si le calamar a pris un coup de vieux il reste bien supérieur à de nombreux effets numériques d’aujourd'hui.
20 000 lieues sous les mers c'est à la fois un film d’aventures qui se regarde toujours avec plaisir, mais également une ode au cinéma d’artisan, où on peut encore s'émerveiller de la manière dont les scènes sont tournées.