Une chronique douce-amère pétri de charme mais qui tombe trop souvent dans les poncifs du ciné indé

Mike Mills signe une chronique rétro d’une infinie douceur et d’un charme dans lesquels on aime se laisser porter. Sporadiquement cependant, l’effet d’accroche ne fonctionnant que par bribes, certes nombreuses, mais pas dans toute la continuité du film. On sent le côté autobiographique de son œuvre à laquelle on accroche au début par son côté solaire et décalé, faisant bien ressentir l’époque des seventies sur la côte californienne. Une période en or, pleine de promesses et de libertés où féminisme, expression artistique et libération des mœurs étaient les maîtres mots. Mais ce n’est pas le sujet du film, juste une toile de fond qui plante décor et contexte et qui ouvre les portes d’un charmant récit d’apprentissage. Mills se concentre sur ces cinq personnages principaux bien croqués et nous convie durant deux heures à suivre leurs atermoiements avec comme fil conducteur l’éducation d’un jeune adolescent.


Cependant, on se rend vite compte que si tout cela est très joli et pétri de bonnes intentions, « 20th Century Women » développe beaucoup trop de tics du cinéma indépendant américain qui apparaissent maintenant comme des recettes à appliquer. Cela se retrouve dans sa mise en scène, si belle soit-elle, ou dans la caractérisation de ses protagonistes, trop travaillés et originaux pour être vrais. Des airs, en vrac, de « Juno », « Little Miss Sunshine » ou encore « Hapiness Therapy » qui nuisent à un long-métrage qui veut trop plaire pour être totalement honnête et menace à chaque instant de devenir une caricature de film « indy ». De plus, le film souffre de quelques longueurs qui bloquent l’effet d’immersion recherché.


Mais il y a des traits d’humour bienvenus, quelques moments de tendresse en apesanteur et des répliques bien senties qui, sur l’ensemble, incitent à l’indulgence. Ce portrait d’une famille pas comme les autres est maîtrisé et parvient tout de même à nous envoûter sur l’ensemble. On ressent même parfois un sentiment de mélancolie envers une époque qu’on n’a pas forcément connu. Et le casting, bien qu’encore une fois marqué du seau du cinéma indépendant dans toute sa splendeur avec les nouvelles muses du genre que sont Elle Fanning à Greta Gerwig, est impeccable. La trop rare Annette Bening survolant tous les comédiens grâce à une composition impériale de mère excentrique et ouverte d’esprit. Cette chronique n’est pas d’une grande originalité et ses questionnements psychologiques tombent souvent à plat mais une multitude de petites notes éparses et de moments magiques parviennent à nous toucher et à emporter in fine notre adhésion.

JorikVesperhaven
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le 7 mars 2017

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Rémy Fiers

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