So now this department has invested a lot of money to make sure Jump Street keeps going...

"Les Schtroumpfs", "The Amazing Spiderman"...soit autant de films miroir et symbole des échecs de Sony en tant que producteurs au cinéma et surtout autant d'échecs lorsque la boîte de productions a tenté de s'aventurer sur le marché ultra-tentant et juteux des "films avec des suites et une fin qui indique avec suspense qu'il va y avoir un prochain volet". Cela pourrait s'expliquer, peu ou prou, par un manque flagrant de renouvellement (et ce dès la bande-annonce des "Schtroumpfs 2" ce qui m'a rebuté) et/ou surtout cette incapacité à faire "décoller" la franchise en question (notamment dans l'épaisseur donnée aux personnages principaux comme secondaire, cf "The Amazing Spiderman 2"). Au sortir du 1er volet de Spiderman, même si un certain sentiment de satisfaction emplissait mon coeur (le film ayant en partie réhabilité ce héros de mon enfance), je "pressentais" (sans prétention aucune) que le 2ème volet allait se "contenter" de reproduire les réussites du 1er volet le tout avec plus de moyen.

Très clairement, au moment de la sortie de "21 Jump Street", un mauvais a priori pointait le bout de son nez. Je voyais cela comme un mauvais revival, une manière de recycler une série-phare des 80's-90's, l'updater et la "contemparizer" (pardon my french). D'autant que la série "21 Jump Street" a une saveur particulière: si certains l'ont découvert dans "Edward aux mains d'argent", dans "Pirate des Caraïbes", "21 Jump Street" restera pour moi la série qui m'a permis de découvrir Johnny Depp. Du générique au duo qu’il formait avec Peter DeLuise, en passant par le rythme, cette série restera comme l’une ayant bercée mon enfance…

Puis il y a eu Jonah Hill! Ayant égrené une partie de sa filmographie, je me suis laissé tenter par son sens comique et c'est daredare que j'ai pu visionner le 1er volet à l’orée de la sortie du 2ème volet.

D'emblée, au sortir du film, ce qui m'a frappé est le contre-pied opéré tout le long du film. C’est un peu comme si le film vannait le principe-même de franchise et moquait tous les travers, les figures imposées d’une suite. Ainsi, la répétition des situations vues dans "21 Jump Street" (convocation au commissariat, scène où les protagonistes s'arment...) sont "pimentées" par des allusions à peine voilées sur la lassitude, le caractère déjà-vu. Le monologue de l'excellent Nick Offerman ou les envolées d'Ice-Cube illustrent parfaitement ce souci. Autre exemple: dès les 1ères secondes du film apparaît à l'écran « Previously in 21 Jump Street » et on sent donc cette volonté de rire de cette suite en la « réduisant » à un épisode de plus d’une série télé avec son résumé. D'autre part, les acteurs insistent bien sur la nécessité de reproduire la même chose, d’opérer de la même manière, de suivre le même modus operandi…pour obtenir le même résultat, la résolution de l'affaire, en l'occurrence! On ne peut s'empêcher d'établir un parallèle entre la résolution d'une enquête et l'élaboration de la suite de ce film. La recette aurait pu être la même saupoudrée de superlatifs ciblés et marketés pour dire que c'est "plus mieux". Au contraire, le film va à rebours de ces idées reçues en rigolant ouvertement de cette facilité et cette paresse.

Le film ne se contente pas de raconter une suite sur les mêmes base que le 1er volet (infiltration dans le milieu scolaire et à en dénoncer les travers) mais repose sur le duo Hill-Tatum : pour reproduire le même parallèle évoqué dans les points précédents et pour se rendre compte du « poids » (sans mauvais jeu de mot) du duo, il faut savoir que ce même duo cumule les casquettes d’acteurs principaux, de producteur et scénariste (Jonah Hill) pour ce 2ème volet (idem pour "21 Jump Street"). L’évolution de ce duo, il en est donc question dans ce 2ème volet. Les atermoiements et remise en cause d’un binôme, l'usure d’une amitié et la routine s'installant dans le quotidien jalonnent ce film entre deux bastons, résolution de l'intrigue et mise au point musclée avec Ice-Cube. De même, les incertitudes autour de la progression professionnelle, de l'entourage censé nous soutenir, nous pousser (ou pas) reviennent inlassablement dans ce volet. Cela peut paraître bateau mais ce qui rend le film remarquable demeure dans sa manière de traiter ces questions: toujours à la limite entre l’humour potache, régressif, adolescent et à double-sens. Bien sûr ces introspections, plus que des apartés dans la résolution de l’intrigue, parasiteront la bonne tenue de l’enquête. Du coup, si les scènes d’action sont attendues (voire téléphonées tant la bande-annonce semble trop suggestive), elles semblent presque reléguées au profit de ping-pong humoristique assez savoureux et démontrant l’immaturité du duo. Et plutôt que d'être des mini-sketchs ou l'occasion de montrer le potentiel comique d'un acteur, "22 Jump Street" se distingue par cette volonté de rire de tout, pas forcément au moment attendu mais pas gratuitement non plus. Soit au final, un fil conducteur (l'enquête) articulé autour d'un duo rodé et donc potentiellement déclencheur de quiproquos, catastrophes et autres situations gênantes.

Du coup, une question se pose: auto-parodie d'un genre plus que rentable (lorsque réussi) ou "coup" marketing joliment maîtrisé ? Difficile de répondre à la question tant le film s’applique à ne pas commettre les mêmes erreurs que d'illustres devancières (ex : Hangover 2) . Bien sûr, les explosions, tirs et autres courses poursuite agrémentent cette suite. Cependant, on sent une vraie volonté de rire du principe même de suite et surtout de proposer une alternative au schéma "classique" qui veut que l'on duplique gentiment "mais un peu autrement mais pas trop" ce qui a marché lors du premier volet. Du coup, entre vœu pieux ou machiavélisme de Sony, mon cœur balance au moment d’évoquer la réussite avérée de ce film. Néanmoins, certaines certitudes ressortent de ce film : quand Sony le souhaite, elle peut faire rimer suite à plus gros budget avec réussite (aussi calibrée soit-elle). D’autre part, en confiant (depuis le début) la franchise au duo Tatum-Hill, Sony semble avoir réussi son pari : impliquer son duo en leur confiant les clés du camion et donc s'assurer in fine leurs participations dans les prochains volets. Et si le duo semble plus que complémentaire, mention spéciale pour l’autodérision de Jonah Hill et son jeu. Et comme l’indique très malicieusement la fin du film, longue vie (ou "on va en manger encore longtemps" pour les plus sceptiques, rayer la mention inutile) à la franchise "21 Jump Street".
RaZom
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2014 et 2014, & le rideau sur l'écran est tombé

Créée

le 15 sept. 2014

Critique lue 358 fois

1 j'aime

RaZom

Écrit par

Critique lue 358 fois

1

D'autres avis sur 22 Jump Street

22 Jump Street
Gand-Alf
5

Spring Break, Bitches !!!

Contre tous les pronostics, le projet 21 Jump Street aura donné lieu à un divertissement sympathique au beau succès public, ce qui appelait forcément une suite avec tous les pièges que cela implique...

le 14 sept. 2015

23 j'aime

2

22 Jump Street
Moizi
7

Un vrai film avec de vrais abrutis qui font de vraies conneries...

Après la surprise totale qu'était le premier film, on a droit à une suite, et tout le monde était plutôt impatient. Et j'aime la façon avec laquelle les réalisateurs arrivent à traiter cette suite...

le 28 août 2014

19 j'aime

22 Jump Street
Val_Cancun
5

Fat and Furious

Très partagé. J'attribue la moyenne parce que les comédies relativement drôles et efficaces restent rares, mais je suis assez déçu, surtout par rapport au premier volet qui m'avait semblé bien plus...

le 18 juin 2023

9 j'aime

1

Du même critique

Mad Max - Fury Road
RaZom
8

Mil(a)ler…

Se rendre au cinéma a tout de l’expérience intimiste voire égoïste aujourd’hui. Adieu l’équarrissage de titres anglais devant le caissier, bonjour donc écran digital (voire réservation sur...

le 20 mai 2015

34 j'aime

2

Papa ou Maman
RaZom
7

(L’un) perd & (l’autre) mer(de)

Arpenter assidument les salles obscures a un effet pervers, celui de devoir (re)revoir les mêmes bandes-annonces. Celle de "Papa ou Maman" contenait deux écueils : celui de poursuivre jusqu’à la lie...

le 11 févr. 2015

30 j'aime

1

La Mort est mon métier
RaZom
8

Son honneur s’appelait fidélité…

L’un des avantages de l’incursion de l’Histoire dans la littérature est cette possibilité de réconcilier les partisans d’une Histoire délaissée par l’Education Nationale et ceux défendant sa...

le 7 avr. 2015

26 j'aime

9