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28 ans plus tard
6.2
28 ans plus tard

Film de Danny Boyle (2025)

23 ans après l’incroyable 28 jours, force est de constater que le couple Boyle–Garland n’a plus ses 20 ans. Le duo a vieilli, et plutôt mal faut dire. Danny semble en sérieuse perte de vitesse ces dernières années (faut dire ses chefs-d'œuvre sont derrière lui maintenant), tandis qu’Alex, lui, n’a jamais vraiment convaincu depuis son passage à la réalisation, frôlant parfois le ridicule, voire s’y vautrant complètement.


Alors forcément, quand ce nouvel opus se fait poindre d’une annonce, il faut bien l’admettre, inattendue, difficile d’être franchement hypé. À ce stade, envisager une œuvre aussi bien salutaire que catastrophique ne relève ni de l’optimisme ni du pessimisme… mais simplement du bon sens.


Alors du coup qu'est ce que ça donne. Et bien tout d'abord, on sent que The Last of Us est passé par là. L'aspect survivaliste, les déambulations en pleine nature, les conflits qui se règlent aux arcs et aux flèches, mais bon, on ne va pas leur jeter la pierre hein : c’est 28 jours qui l’a en partie inspiré.


Le père (Aaron Taylor-Johnson), sorte de « Joel » low-cost pas très finaud (un peu beauf sur les bords), laisse éclater sa masculine fragility sur un mur d’escalier, à l'issu d'un magnifique coup de poing bien viril. Le bon vieux réflexe du daron en colère. Dans Prisoners, c’était stylé. Mais c’était il y a 12 ans. Ici, on se dit juste qu’il est aussi subtil et futé qu’un parpaing jeté dans une rivière. Très vite, on capte la direction que va prendre le film, et connaissant Garland, on devine sans mal le message qu’il veut nous faire passer. Sauf que lui non plus n'y va pas avec le dos de la cuillère.


Alors qu’il était bien au chaud sous les bras virils de papa, Spike (Alfie Williams), dont le jeu pauvre et calibré traversera méthodiquement tout le film, décide de partir avec sa mère pour lui trouver un médecin. C’est donc le début de la deuxième partie : celle de l’envol. Le père n’est plus là pour lui sauver les miches. Le voyage initiatique peut commencer.


Sauf que la mère (Jodie Comer), qui a de sacrés pets au casque elle aussi, malgré tout figure de douceur et de dialogue, nous gratifie soudain d’une séquence d’une violence telle qu’elle semble contredire tout le propos initial. Sur le point de se faire mordre par un de ces barons Harkonnen en pleine descente de MD, elle en attrape un par la tête, le secoue comme un prunier, et l’éclate plusieurs fois contre un autel en pierre dans un déchaînement de rage. Le fils, à deux mètres, pionce comme une enclume. Ça ricane dans la salle. Même Jodie semble chokbar de ce qu'il se passe.


Même Ralph Fiennes, qui brillait récemment dans Conclave (oscar personnel direct), est noyé ici dans un rôle de vieux ermite mystique déjà vu cent fois. On ne sait plus s’il faut le prendre au sérieux ou en rire. Il flotte entre deux tonalités, comme tout le film d’ailleurs.


Et parlons des (vaines) tentatives de faire du neuf. Le montage hyper-cut, raccordant sur que dalle et brisant quelques fois la règle des 180° pour bien nous faire comprendre que "la mère est pas bien dans sa tête", c’est niveau étudiant ciné. Ils ont même recyclé la bande-annonce qui elle, pour le coup, fonctionnait plutôt bien mais l’ont greffée sans contexte dans le film. On se retrouve avec des associations entre prises de vues réelles et archives militaires. La métaphore est lointaine. Einsenstein aussi.


Et ce final… Mon Dieu, ce final. Des fans d’100 Gecs ultraviolents dans une ambiance cringe-malaise digne des pires volets de Far Cry, qui font des pirouettes sur du heavy metal. De quoi parachever l’ambiance comique pas franchement bienvenue, et ruiner toute envie de se déplacer pour voir la suite.


Malgré tout, un seul plan me fait sauver le film. Celui où des silhouettes de zombies, calmes au départ, viennent s’agglutiner sur la cime d’une colline, au sommet de laquelle trône un arbre solitaire, en contrejour. Une image qui m’a rappelé du Grandrieux… mais à ce stade là serait-ce une métaphore autocritique : le film n’est plus que l’ombre de lui-même...


Où est passée la poésie de 28 jours plus tard ? Ce Londres déserté, vidé de ses sons, de ses gens, de son rythme. Ces visions granuleuses du mini-DV, ces décors annonçant les liminal spaces, cet attachement viscéral aux personnages...

Alors c'est crade certes. Ça gigote, ça gesticule, ça hurle dans tous les sens. Visuellement, ça se respecte.

Mais le film dans son ensemble, mis à part un discours social déjà à la traîne, se perd un peu trop dans son propre chaos.

Antlast1
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le 23 juin 2025

Critique lue 30 fois

Antlast1

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