Télé-zobbies
Vingt-trois ans après « 28 jours plus tard », « 28 ans plus tard » commence par une première régression. Alors que son prédécesseur, « 28 semaines plus tard », s’achevait sur l’arrivée du virus en...
le 18 juin 2025
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Vingt-trois ans après « 28 jours plus tard », « 28 ans plus tard » commence par une première régression. Alors que son prédécesseur, « 28 semaines plus tard », s’achevait sur l’arrivée du virus en France, Alex Garland (scénariste) et Danny Boyle (réalisateur) décident de rebrousser chemin : finalement l’épidémie n’a pas quitté l’ile de Grande-Bretagne, laquelle a été mise en quarantaine à la suite de sa propagation. Aussi, les victimes du virus ne sont plus vraiment des zombies, mais plutôt des silhouettes enragées et barbares divisée en plusieurs catégories : les « rampeurs » (des zombies graisseux et écœurants broutant les vers de terre (seule bonne idée du film)), les « coureurs » (les zombies classiques) et les « Alpha », des zombies sous stéroïdes quasiment indestructibles. De mêmes, les survivants vivent retrancher dans des zones où ils s’adonnent à des coutumes archaïques, dont celle figurant ici en tant qu’élément déclencheur : le père emmenant son fils chasser pour faire de lui un homme. L’écart entre les morts-vivants et les survivants va donc se réduire, et c’est là la seule véritable proposition de « 28 ans plus tard ». Cette proposition va occasionner plusieurs séquences surréalistes et propulser le film dans un grand n’importe quoi dénué de toute logique, tandis que le tandem Boyle-Garland s’essaye à l’anthropologie, filmant les zombies comme des humains préhistoriques. Nombreux sont les moments où l’on se met la main sur le notre front tout en soupirant, ou en riant jaune, tant on est là face à une avalanche de mauvais gout crasse et revendiquée, et tant est visible l’opportunisme de ces deux auteurs ringards. Depuis plus de trente ans, Danny Boyle n’a jamais caché son attrait pour la saturation, mais ici, il confine à la nausée, pour pas dire au nanar. Il n’y a pas une seule scène sans musique. Il n’y pas un seul plan où la colorimétrie n’est pas exagérée jusqu’au-boutiste. Il n’y a pas un seul rebondissement qui soit ne serait-ce que probable (on ne compte plus le nombre de fois où le héros se fait sauver la vie à la dernière minute). Et le pire, c’est que le film essaye de poser ça et là des effets pour se donner une allure faussement subversive et formaliste, comme les zombies qui se font tout le temps descendre au bullet-time, le thème sous-jacent du masculinisme avec notamment les zombies Alpha qui ressemblent à des Saturne de Goya, et des effets gores outranciers tous azimuts ; sans compter le final avec cette bande mi-Sex Pistols mi-Télétubbies. Même un « Resident Evil » de Paul W.S Anderson n’aurait rien à envier à un tel diaporama d’abjections.
Visuellement bourbeux, le film est également affreusement monté. Par exemple, au début, un prêtre donne une croix à un gosse, et il faut à Danny Boyle pas moins de cinq plans pour relater cette simple action… Et durant les deux heures qui suivent, chaque action sera surexploitée dans un sordide déluge de gratuité, d’images dévitalisées noyées dans une utilisation immondes des couleurs et mises en bouche par des acteurs en roue libre. Paroxysmes de ce mauvais gout : ce plan où le héros vomit littéralement sur la caméra et ces contre-plongées inénarrables sur les longs sexes des zombies « Alpha ». On a bien compris le message, mais comment est-ce possible de succomber avec autant d’entrain à ses pires penchants ? Garland quant à lui, toujours aussi lâche, laisse trainer à maintes reprises de bonnes idées et des intrigues prometteuses qu’il n’exploite pas, choisissant de prendre systématiquement la direction la plus facile pour emmener ses personnages sur un parcours balisé de blockbuster basique. Et outre becter comme des corbeaux le vieux cadavre de « 28 jours plus tard », lequel constitue toujours la quasi seule réussite de leurs carrières respectives (et encore, là c’est l’adolescent dormant en moi qui parle), Boyle et Garland nous achèvent avec ce dernier chapitre où ils confirment que cette croute n’est pas simplement la réactualisation d’une série B, mais bien la tentative d’inaugurer une nouvelle saga. Le pire est donc à venir, et la seule chose que l’on espère c’est qu’il prendra au moins 28 décennies à arriver.
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le 18 juin 2025
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