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Vingt-trois ans après « 28 jours plus tard », « 28 ans plus tard » commence par une première régression. Alors que son prédécesseur, « 28 semaines plus tard », s’achevait sur l’arrivée du virus en...
le 18 juin 2025
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Vingt-huit ans plus tard, l'Europe continentale est parvenue à éradiquer le fameux virus mais la Grande-Bretagne et ses survivants sont laissés à l'abandon de leur quarantaine.
Sur une petite île d'Écosse que seule une digue permet de rejoindre selon les marées, une communauté est parvenue à maintenir une flamme d'humanité à l'écart des créatures devenues maîtresses de la terre environnante.
Âgé de douze ans, Spike est enfin autorisé à accompagner son père sur cette dernière pour y tuer ses premiers infectés et prouver ainsi sa valeur...
Les jours sont devenus des semaines, les semaines... des années. Alors que vingt-huit ans se sont écoulés dans le monde infecté créé par Danny Boyle et Alex Garland en 2002, prolongé par la suite de Juan Carlos Fresnadillo en 2007, il nous en aura fallu attendre dix-huit dans la réalité pour qu'une nouvelle extension surgisse de nulle part avec, de surcroît, le retour de ses pères fondateurs aux manettes. Devenu un véritable serpent de mer au fil des années après la sortie du pourtant excellent "28 semaines plus tard", le projet d'un troisième opus s'était finalement éteint avec le temps, persuadant quasiment tous ceux qui l'espéraient que son évocation sporadique par Danny Boyle & co durant diverses interviews n'était plus qu'un miroir aux alouettes enragées.
Et puis, boum, "28 ans plus tard" a soudainement été confirmé comme officiel il y a plus d'un an par les bouches de Boyle & Garland eux-mêmes et s'est même concrétisé pour une sortie en ce mois de juin 2025 à une vitesse assez impressionnante tout en devenant le premier volet d'une trilogie annoncée de suites ("28 Years Later: The Bone Temple" réalisé par Nia DaCosta a d'ailleurs été tourné à la suite de ce film et sortira en janvier 2026), preuve s'il en était besoin de l'ambition et envie de ses auteurs d'étendre l'univers de la franchise vers des horizons inédits.
Les péripéties de notre monde et de la Grande-Bretagne, notamment les confinements de la période Covid-19 et le Brexit, sont sans doute passées par-là pour leur donner de nouvelles idées dans le traitement allégorique de l'isolationnisme induit par cette infernale épidémie mais encore fallait-il, au-delà du statut incontournable des premiers films rangés à la catégorie "infectés" du cinéma d'horreur, passer aujourd'hui après une légion de longs-métrages s'étant plus ou moins réclamés de leur inspiration et en tirer un prolongement à la fois détonnant et pertinent. Et, surtout, faire aussi fort que ses modèles qui, n'ayons pas peur de la comparaison, s'assimilaient assez facilement à la saga "Alien" dans leur évolution d'approche en leur genre, la paranoïa ambiante de l'univers de "28 jours..." progressant en roller-coaster frénétique sous la caméra experte de Fresnadillo avec "28 semaines...", dans la lignée de ce qu'avait pu être "Aliens: le retour" par rapport au premier volet.
Bon, on n'ira pas jusqu'à comparer "28 ans plus tard" à "Alien 3" cette fois (surtout qu'il s'agit ici des mêmes têtes pensantes que le film originel) mais le fait est que, tout comme le long-métrage de Fincher à l'époque par certains choix aussi étonnants que radicaux, ce troisième opus va très souvent chercher le contre-pied pour déjouer nos attentes de spectateurs vis-à-vis de cette suite tardive.
Peut-être pas tant que ça sur les thématiques humaines au coeur de son propos, les connexions de "28 ans plus tard" sur ce plan avec son prédécesseur direct sont nombreuses, reprenant un noyau familial de départ plus que fragilisé (par la maladie d'une mère ici), une image paternelle peu recommandable à cet égard (le "pas d'esprit, pas d'âme" balancé anodinement sur les créatures veut tout dire de lui sur des considérations plus larges en plus de l'esprit de l'assimilation qu'il tente d'imposer à sa progéniture) et le déclenchement d'une quête naïve provoqué avant tout par les objectifs aimants et innocents d'un enfant en contradiction totale avec la rigidité d'un système.
Mais le traitement qui va en être effectué va, lui, chercher la différence en tout point, quitte à en être désarçonnant.
L'élargissement d'un contexte, d'un lore de "monstres" ou de rencontres aléatoires a beau être attendu via le chemin tracé assez rapidement par cette cellule relationnelle de personnages, Danny Boyle ne va avoir de cesse de chercher à les dynamiter sur la forme. Imprégnant ses images à la fois de la découverte de la cruauté par l'enfant et l'état de qui-vive perpétuel de l'adulte sur ce monde laissé à vau-l'eau, "28 ans plus tard" joue une espèce de carte frénétique complète sur la forme, capable d'incroyables fulgurances (la première interaction avec l'Alpha est par exemple juste démentielle), de montées de stress assez folles (le montage/parallèle de la voix-off issue des médias du passé et entendue dans dans la bande-annonce est redoutable) tout en tombant aussi dans les excès d'expérimentations plus hasardeux (est-ce que les dédoublements d'images via iPhones ont un intérêt pour renforcer ça ? Un "nope" nous vient en tête assez vite, surtout qu'avec, par moment, de tels montages épileptiques, Fresnadillo faisait preuve de bien plus de maîtrise à ce niveau).
Sur le fil rouge d'une quête fiévreuse, bouillonnante qui va connaître une étonnante et belle accalmie à la fois forte et sereine émotionnellement sur ses conclusions les plus intimistes (merci à un incroyable Ralph Fiennes sans en dire plus), il en ressort une espèce de patchwork de rencontres/confrontations parfois trop aléatoires en termes d'intérêt pour être pleinement convaincant (et donner du grain à moudre sur quelque chose de plus grande ampleur) mais tout de même toujours intriguant par le grain de folie punk qui le gouverne, à rebours de tous les canons actuels, à commencer par cet épilogue de fou furieux, ne laissant aucune piste rationnelle à donner quant à la suite des évènements...
Déroutant mais trouvant une voie discordante en corrélation totale avec ce que les "28..." ont installé avec une solidité originale en leur registre, "28 ans plus tard" et ses infectés ont toujours le sang contaminé assez neuf pour se montrer solidement au-dessus du lot. Où va nous mener la suite ? Elle seule nous le dira et, on le sait déjà, la manière de nous la conter sera là, avec le sel de sa folie.
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le 18 juin 2025
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Vingt-trois ans après « 28 jours plus tard », « 28 ans plus tard » commence par une première régression. Alors que son prédécesseur, « 28 semaines plus tard », s’achevait sur l’arrivée du virus en...
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