Entre absurdité historique et américanocentrisme, ce film ne parvient pas même à apporter quelque innovation esthétique que ce soit. Certains plans restent "habiles" et font bon usage de la 3D, mais cela est loin de compenser la platitude du scénario, et le schéma - "copié - collé" du premier 300 - des batailles, prévisible au possible.

Pourquoi "américanocentrisme" ? Parce que, même dans un film à des millénaires et des milliers de kilomètres d'Hollywood, on perçoit clairement les mêmes problématiques, encore et encore. La guerre pour la liberté, un sens du sacrifice tout chrétien, une mort imminente, un ennemi "déjà là", etc. Si bien qu'il s'agit peut-être, et ce serait alors très bon, d'une satyre de la guerre de l'occident au Moyen-Orient, une guerre pour les "Droits de l'Homme" qui ressemble finalement beaucoup, dans sa formulation médiatique, à celle des Grecs contre les "barbares" perses. On notera - quand même ! - l'attaque kamikaze des perses chargés d'une espèce de dynamite ... ça vous rappelle quelque chose ? Donc, non, ce n'est pas une géniale critique de la guerre en Irak ... dommage.

Mais le plus rageant, outre l'anachronisme accablant de ce film, c'est sans doute le manichéisme imposé par l'idéologie hollywoodienne, qui invente des Grecs parlant d'union "nationale" et en fait des défenseurs de la liberté, là où leur civilisation reposait, au moins autant que celle des Perses, sur l'esclavagisme.

Le premier 300 avait au moins pour mérite de montrer toute la cruauté et le caractère impitoyable du système spartiate, même si, lui aussi, était très manichéen. Le personnage d'Ephialtès permettait une mise en perspective de l'exclusivité de la nationalité spartiate, par exemple, et l'esthétique était nouvelle. Sans suite, 300 aurait été un "bon" film hollywoodien ; ce n'est plus possible.

En bref, bien que l'exactitude historique ne soit pas un bon critère d'évaluation d'une oeuvre cinématographique, celle-ci aurait pu s'inspirer un peu plus de l'histoire, un peu moins des standards d'action américains, pour avoir un quelconque intérêt. Parce que là, je n'en vois aucun.
Ugo_Galli
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le 25 mars 2014

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le 25 mars 2014

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Gugo Alli

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