Pour ceux que cette introduction pourrait heurter, sachez qu'elle n'est que le reflet des dialogues hautement subtils dominant dans le dernier effort de notre Rob Zombie adoré ! Depuis le mal aimé "The lords of salem", l'artiste multi tâches avait tout d'abord prévu de réaliser un projet totalement différent de ce pour quoi il était connu, à savoir un film sur le hockey se déroulant dans les 70's ! Projet qui pouvait à priori décevoir ses fans de la première heure, mais qui paraissait plutôt cohérent et intrigant ! Malheureusement, nous ne saurons jamais ce qu'aurait donné ce changement de registre ! Néanmoins, le retour de Rob au film d'horreur barré et radical, auto annoncé comme son film le plus violent, avait tout pour mettre l'eau à la bouche ! Et malheureusement, le résultat n'est pas franchement à la hauteur des espérances !


Et pourtant, il débutait de manière particulièrement convaincante et efficace, ce nouveau film ! Nous présentant d'emblée ce qui sera son personnage le plus iconique et sadique, Doom-Head, ce dernier s'adresse directement à la caméra, en plan fixe, pendant plusieurs minutes, pour nous expliquer en quoi il n'est pas là pour nous divertir ou nous amuser, et en quoi son sadisme sera sans limites ! Sur une photographie en noir et blanc particulièrement crue, le fan de "The devil's rejects" se réjouit et se prépare pour un film bien malsain comme il faut ! Passée cette scène d'introduction se concluant de manière bien brutale, comme pour illustrer ce que le personnage vient de nous expliquer, les choses commencent à se gâter !


S'attachant comme d'habitude, à nous présenter ses futures victimes, des forains en van, Rob Zombie se révèle incapable de nous les montrer autrement que comme des caricatures ambulantes, enchaînant les dialogues vulgaires sans intérêt, sans réussir à nous les rendre attachants une seule seconde ! Problématique pour des personnages censés susciter l'empathie, sachant ce qui va leur arriver ! Le spectateur se retrouve donc à devoir s'armer de patience, en attendant que les hostilités soient lancées ! Heureusement, le cinéaste l'a bien compris et ne perd pas trop de temps ! Sauf que cette rapidité de montage passe ici pour de la précipitation, tant les enjeux sont expédiés, uniquement prétextes à la grande boucherie !


Et là, ça se gâte encore un peu plus ! Dès les premières scènes horrifiques, la shaky cam outrancière empêche toute lisibilité de l'action ! Les scènes de meurtres, aussi violentes soient-elles, en perdent tout impact, le spectateur ayant du mal à distinguer ce qui se passe ! C'est d'autant plus dommage que comme à son habitude, Rob Zombie s'amuse dans la conception des décors et des costumes, le moindre élément du cadre étant occupé par un objet ou un élément flattant la rétine ! Mais le montage et les cadrages en gros plan empêchent d'en savourer toutes les subtilités ! Si cet aspect se calme un peu sur la fin, où la violence se révèle plus viscérale, cela se révèle quand même très frustrant sur le film dans son ensemble !


Mais là où le cinéaste déçoit le plus, c'est dans le traitement clairement "bouffon" de ses personnages ! Que ce soient les victimes ou les sadiques, l'écriture outrancière annihile systématiquement toute l'empathie ou la terreur que ces derniers sont censés inspirer ! Il en est ainsi des tarés à la tronçonneuse, dont les hurlements et les gesticulations évoquent plus des membres d'un groupe de death metal gentiment provocateurs que des dégénérés sans limites ! De même, le surjeu permanent des victimes nous les rend assez peu sympathiques, et l'on ne ressent rien face à tous leurs tourments ! Ce qui faisait l'originalité des précédents travaux de Rob Zombie, à savoir le côté excessif et parfois un peu bordélique, se retourne ici contre lui, et donne l'impression d'une auto caricature de son propre univers !


Heureusement, un acteur permet au film de nous proposer quelques moments réellement glauques et un peu perturbants, Richard Brake ! Avec son physique inquiétant et son regard de fou, il donne à son personnage de Doom-Head l'aura nécessaire pour contenter un peu les fanas d'horreur pure venus prendre une bonne décharge d'adrénaline ! C'est peu pour sauver un film globalement raté, mais cela montre que le cinéaste est encore capable d'écrire des personnages uniques, et de choisir les comédiens idéaux pour leur donner vie ! Le "Otis" de son diptyque culte n'est pas loin !


Si les fans du travail de l'artiste seront forcément déçus, quelques fulgurances nous montrent qu'il peut encore proposer quelque chose de neuf par rapport au tout venant, et l'on continuera à s'intéresser de près à ses futurs travaux, en espérant se reprendre une claque de l'ampleur de "The devil's rejects" en son temps !

micktaylor78
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le 25 sept. 2016

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