3 from Hell est un film qui arrive trop tard, qui ne sait pas quoi dire et qui ne trouve même pas sa propre légitimité. Et malgré cela, il réussit tout de même à être attachant. Après la séance, je me disais que c'était un peu comme un enfant handicapé, attachant malgré ses tares. Car des tares, il s'en trimballe une fricassée. Outre l'évasion de Otis qui relève du n'importe quoi (depuis quand un détenu du couloir de la mort fait des travaux d'intérêt généraux ?), le nouveau venu, sensé remplacer Capitaine Spaulding, n'a rien de bien attanchant ou d'original. Il se contente de donner la réplique. Sheri Moon Zombie reprend le rôle de baby avec un jeu très inégal, nulle dans les scènes de folie mais correct dans ses séquences de tuerie. Le scénario reprend dans les grandes lignes The Devils Rejects... avant de partir en vacances. Mais de réellement partir en vacances, avec une séquence au mexique qui vire sur le Cartoon en convoquant les incarnations débridées des personnages de Superbeasto, autre création loufoque de Rob Zombie.


Bref, tout nous porte à croire qu'il s'agit là d'une mauvaise suite peu inspirée. Et pourtant, même dans la redite, la singularité de Rob Zombie opère. Il réussit à emporter le morceau sur ses gardiennes de prison lesbiennes, sur les scènes malaisantes de torture, sur la sincérité de sa mise en scène. Quand les personnages se demandent un peu où ils vont et quel est leur héritage, après la mort de Spaulding, c'est le film lui même qui s'interroge. S'il continue de pourfendre un "système" matérialiste au delà de toute logique humaine, ses personnages continuent d'exister, et si 3 from hell a des airs de perfusion réchauffée, il tient la route et réussit à renouer avec ses glorieux prédécesseurs. C'est une sortie sans panache, mais sans honte également, et avec une certaine satsifaction "grindhouse", où l'ultra-violence est finalement peu sérieuse en dehors du contexte du film, voué à être relativisé et pris comme une rallonge par tous les camés du cinéma de Rob, frustrés par ses derniers travaux, mais toujours désireux d'en voir un nouveau bout. Tout comme la route sans fin du générique de Devil's Rejects (séquences reprises dans ce nostalgique 3 from Hell), Rob Zombie continue de filmer et d'étaler la pellicule, sans plus savoir quoi tourner, sinon l'instant présent, dans toute sa sincérité et sa vanité.

Voracinéphile
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le 4 nov. 2019

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