Oeuvre malade mais divertissante !

Le voilà enfin le fameux projet qui a eu de multiples galères. Tout y est passé ou presque: dépassement de budget, nombreuses réécritures du script, post-production chaotique avec plusieurs monteurs qui se sont succédé, ajouts de dernière minute ce qui entraine fatalement une date de sortie maintes fois décalée...
Au terme de sa conception laborieuse, tout était réuni pour que cette relecture des 47 ronin à la sauce Hollywoodienne, soit un ratage complet. Et pourtant, j'ai apprécié cette oeuvre, je n'ai ressenti aucun ennui puisque les enjeux ainsi que les personnages m'ont intéressé. Comme je l'ai indiqué succinctement, ce long métrage est une adaptation, qui est basée sur une sorte de légende Japonaise, avec tous les thèmes archétypaux qui vont avec, à savoir: l'honneur, le courage, la loyauté, ainsi que le sacrifice. Des principes et une philosophie de vie qu'on retrouve dans n'importe quel film ou n'importe quel récit, mettant en scène des samouraïs.
Pour le coup, le fait que ce soit avant tout un film américain, mais aussi et surtout un blockbuster, ayant eu son lot de désastres, on pouvait craindre que ces valeurs humaines inhérentes à la culture nipponne, soient balayés d'un revers de main. Or pas du tout, toute l'histoire est axée sur ces éléments. La motivation des protagonistes ne se nourrit que de ça, et la fin du film ne dénote aucunement avec les thématiques, au contraire, c'est jusqu’au-boutiste. Ça mérite d'être souligné car l'issue est étonnante.


L'histoire en elle-même est très classique, il y a même parfois des passages très "clichés", mais cela ne m'a pas plus embêté que ça. Ce qui est un peu embêtant, c'est qu'on a l'impression qu'au niveau du parti pris de l'univers, ça n'assume pas son côté fantastique. Pour tout ce qui est relatif au folklore ou à la mythologie Japonaise, c'est assez léger. Hormis une sorcière et deux ou trois créatures, il n'y a pas grand chose à voir, et par conséquent on aurait pu très bien s'en passer. J'ai l'impression que l'idée de base était de faire un film purement "historique", mais que les producteurs ont voulu rendre ce projet bien plus attractif avec un soupçon de fantasy. C'est pas bien grave non plus, ça donne à cette oeuvre un petit côté Onimusha, qui n'est pas déplaisant.


Ce qui est aussi un peu étrange, c'est la place qu'occupe Keanu Reeves dans le scénario. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il fait office de second couteau, mais c'est limite si son collègue Hiroyuki Sanada ne lui vole pas la vedette. Après c'est probablement le rôle qui veut ça, puisque le personnage qu'incarne l'acteur canadien, est assez en retrait, du fait de sa condition de paria de prime abord, mais aussi vis-à-vis de sa personnalité. C'est un type humble et plutôt taiseux. De ce fait, on ne sait pas sur quel pied danser, à plusieurs reprises je me demandais si c'était lui le héros, ou le leader du groupe. Encore une fois, c'est probablement la résultante des différents artistiques qui ont jalonné ce projet.


Techniquement parlant, c'est très bon. L'argent dépensé se voit à l'écran, que ce soit en terme de décors, de costumes, de figurants, c'est foncièrement fastueux. Toutes proportions gardées, sur certaines images, j'avais l'impression d'assister à une de ses grandes fresques que proposaient le cinéma Japonais, il y a quelques décennies de cela. A quelques exceptions près, même les effets spéciaux sont soignés. Je fus agréablement surpris, d'autant plus que les CGI ont été vivement critiqués, alors qu'ils sont plus que corrects et assez discrets au final. En revanche, je suis moins admiratif en ce qui concerne le design du bestiaire, mais c'est un autre débat, qui n'a pas grand chose à voir avec la qualité du rendu.


Difficile de juger la mise en scène de Carl Rinsch, étant donné que ce n'est surement pas lui qui a approuvé le montage. Ca oscille entre le bon et le convenu. Il y a de superbes images, mais c'est contrebalancé par des séquences académiques. Pas de gros risque à l'horizon, pas de scènes qui sortent du lot, le découpage technique est juste efficace au mieux.


On sent que 47 ronin est un long métrage malade, qui a été malmené et remanié, avec notamment des ellipses étranges et un prologue torché à la va-vite, néanmoins il lui reste d'indéniables qualités et une singularité qui le démarque, un peu, du tout-venant Hollywoodien.

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le 22 déc. 2015

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Jubileus

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