A courir deux lièvres, voire trois ...

Je découvre ce film aujourd'hui seulement en 2020 et il me laisse un sentiment étrange : impossible de dire que c'est un mauvais film bien sûr, mais je n'y ai pris aucun plaisir et je ne le recommanderais sans doute pas. Certes l'interprétation est remarquable et la réalisation sobre est irréprochable, sauf peut-être quelques longueurs inutiles. Sur le fond le film est une critique sévère du communisme, mais aussi de la lâcheté des homme; c'est surtout un formidable plaidoyer pour la légalisation de l'avortement. Enfin c'est une belle histoire d'amitié. Mais voilà : en traitant simultanément de plusieurs sujets aussi forts, en particulier du communisme et de l'avortement, le film perd une partie de son sens et beaucoup de son efficacité. Si le film n'apporte aucun plaisir, il n'apporte pas non plus grand chose sur le fond. Décrire les horreurs du communisme 20 ans après n'apporte pas grand chose qu'on ne sache déjà ; le sujet a été traité mille fois et il aurait fallu beaucoup plus d'originalité pour intéresser sur ce sujet. Situer l'histoire de l'avortement pendant la période communiste est en revanche clairement une erreur, car cela peut donner au spectateur l'impression que la cause du calvaire de cette jeune femme est le communisme ; le film perd ainsi toute universalité. Dommage. Je m'étonnerai toujours de la logique d'attribution des palmes d'or ! Dans le cas présent il n'est pas impossible que ceux-là même qui encensaient le communisme avant son effondrement, aient un tel besoin de se faire pardonner leur erreur qu'ils sont prêts aujourd'hui à encenser tout ce qui brûle ce qu'ils ont adoré...