Film 100% Willy Rozier, "56 rue Pigalle" raconte le destin peut-être funeste d'une liaison adultère entre un ingénieur et une bourgeoise, liaison amoureuse née sur une régate -ce qui confirme l'attrait de Rozier pour tout ce qui est nautique- que le réalisateur ne développe pas, préférant se consacrer à des rebondissements et impondérables de polar. Ponctués par la musique aux sonorités tragiques de Jean Yatove qui secoue !
Son sujet, dont l'argument n'est pas si mauvais ou commun qu'il en a l'air, navigue entre drame sentimental et série noire. Et le film est plutôt une bonne surprise, si l'on connait l'œuvre du cinéaste. Sa concision et ses ellipses, l'une n'allant pas sans les autres, sont probablement utiles à un récit sans temps mort.
Cette efficacité narrative s'accompagne de kitscheries et de raccourcis maladroits qui font le charme du film.
La jalousie furieuse du mari (Aimé Clariond...en sud-américain), qu'on n'avait pas vue venir, des séquences de tribunal malicieuses ou pas très orthodoxes d'un point de vue procédural, un épilogue africain inattendu et fiévreux, qui résonne comme une colère et un châtiment divins : Rozier fait preuve d'un éclectisme assez savoureux.
Le cinéaste a commis des nanars mais ce film-ci est à mettre à l'actif de son artisanat.