Je fais des recherches sur les images de mort réelle et leur diffusion de plus en plus massive via les réseaux sociaux. Pour cela je reviens en arrière et j'interroge les pratiques des médias ou du cinéma notamment documentaire. Pour capter le moment où "le shift" s'est produit bref.
Dans ce film sur un horrible massacre en 1984, un journaliste explique avoir pu voir la bande vidéo de la police qui documentait la scène de crime (21 morts / 19 blessés dans un restaurant McDonald's, dont des familles, enfant ou bébé inclus..). Il a pu la voir en premier, avant quiconque hors de la police. Le docu est tourné 32 ans après les faits, en 2016. Et il semble encore extrêmement troublé, dit mot pour mot "Cette bande... j'aurais préféré ne pas la voir".
Que fait donc Charlie Minn le réalisateur ? Un fondu au noir en fermeture de la séquence. Puis un fondu depuis le noir pour démarrer... la diffusion de la bande en plein coeur du film, sans aucun floutage, et sans aucun avertissement que ce soit à ce moment là ou au début du film.
Qui consiste de toute façon à l'exploitation de deux minutes tirées de cette bande, avec des images déjà profondément gores et choquantes.
C'est très concret : son choix de montage consiste à interroger un type qui a vécu les faits, à une courte distance, mais qui de plus a pu voir les images des lieux le jour-même et explique 32 ans après, les yeux rivés vers le sol et se touchant nerveusement la bouche (semble encore sous le coup du traumatisme) que ces images lui ont fait du mal. PAF, le réalisateur se dit "Nickel, faisons du mal à tous mes spectateurs dans ce cas". Un geste de narration/montage tout simplement PERVERS, machiavélique, intolérable. De l'irresponsabilité assumée, pensée, architecturée.
J'ignore qui est ce type. Mais si son comportement est critiqué par le public (il cherche à faire avouer à la police qu'elle a mal géré, se colle sur son dos tout le long et en imposant sa personnalité de façon agaçante) c'est aussi la façon dont il exploite les images ultra violentes qui lui attire les foudres concernant ce film.
Mais dingue, la filmographie du gars est juste REMPLIE de documentaires du même genre. Je n'irai pas voir s'ils exploitent aussi salement ce type de contenus. Mais ce que je sais, un peu fanzouze de Explore With Us sur YouTube (excellente chaîne true crime et psychologie, qui sait dans quelle mesure montrer ou non), c'est qu'un type d'apparence très narcissique et qui semble nourrir une curieuse et malaisante obsession autour des images de mort est un type dangereux.
Je lui souhaite de changer de lubie, et je souhaite aux victimes et proches de victimes d'autres événements de ne jamais croiser sa route et sa caméra, de ne jamais lui accorder leur témoignage. Un film honteux.