"8 femmes" est un huis-clos théâtral qui nous projette dans un décor à la Hercule Poirot, ou plutôt à la Agatha Christie. Il nous enchante avec des passages musicaux interprétés par des actrices de renom: on n'aurait rêvé meilleur huis-clos cinématographique !
Le scénario ne connaît pas de limites: empoisonnement, inceste, infidélité, rien ne nous est épargné. Les scènes et dialogues assez crus et parfois lourds sur la sexualité sont contrebalancés par le jeu comique et la légèreté des chansons. Celles-ci sont une parenthèse de plaisir musical, et l'on se délecte d'écouter (et de chantonner!) les airs de Marie Laforêt, Dalida ou bien Françoise Hardy, le tout avec une mise en scène chorégraphique décalée à souhait.
Si la froideur et la neige du dehors magnifient encore plus la chaleur des corps, des voix et des parures de l'intérieur, le cocon de la demeure se révèle glaçant. Le contexte du huis-clos est le révélateur des tensions qui rongent les huit femmes.
Est-ce pour autant un film féministe? Sans vouloir trancher dans ce débat délicat, on peut toutefois accuser au film de faire la part trop belle à une impudente sensualité féminine, orientée et dépendante du seul homme de la maison, bien que le thème de l'homosexualité soit abordé.
Finalement, le seul personnage raisonnable reste le père, dont on ne verra jamais le visage, comme sanctifié et porté en victime, en martyr presque, des (de ses?) huit femmes.
Néanmoins, les huit femmes sont autant commères, cachottières et profiteuses qu'effrontées, ingénues et ambitieuses. Et ce, par-delà le milieu social et les générations.
Ce film est un tableau vivant de la vie, dans sa lourdeur, sa complexité et son absurdité, le tout en musique. Avec lui, c'est "pile ou face", pour reprendre la chanson de Louise : on est séduit(e) ou pas.