Sorti directement en vidéo, 99 Homes avait pourtant été remarqué à Deauville, et à raison car le film malgré quelques facilités d'écriture ne manque pas d'atouts pour autant.
Armé de deux bonnes têtes d'affiche, 99 Homes aborde le sujet brûlant de la crise de l'immobilier survenue il y a quelques année aux Etats-unis. La qualité du film réside dans sa capacité à nous mettre à la fois dans la peau des victimes, mais aussi des bourreaux, un procédé simple mais efficace qui dessert très bien le film ici.
Nash, joué par Andrew Garfield est amené à faire des choix compréhensibles mais pas pour autant acceptables, et le film a la justesse de ne pas être constamment dans le jugement concernant cette pierre angulaire du scénario. A vrai dire 99 Homes est dénué de tout jugement, bien entendu il met un point important à souligner les actions qui sont ou non condamnables, mais jamais il ne cherche à faire prendre parti au spectateur. C'est une vraie qualité.
Même si quelques facilités d'écriture subsistent, comme le statut initial du personnage principal, le bon père célibataire qui trime pour nourrir sa famille, et cette fin volontairement ambigu, le film fonctionne bien et aborde son sujet habilement.
Le casting quant à lui sonne très juste, notamment Garfield très subtil dans son jeu, il joue beaucoup sur la carte du doute concernant son personnage notamment lors d'une scène forte où il est dans la peau du bourreau. Les jeux de regards y sont très forts, l'intonation de la voix, tout joue pour le meilleur. Une bonne performance qui ne verse cependant jamais dans la caricature.
Michael Shannon lui, adopte une composition plus attendue, on connaît l'acteur et sa capacité à surjouer parfois, ici il le fait très bien, cela vient souligner les traits qui caractérisent son personnage. Quant à Laura Dern elle joue la mère névrosée et un peu paumée, complètement aux antipodes de ses compositions habituelles, toutefois elle s'en sort elle aussi très bien.
La mise en scène de Ramin Bahrani est sobre mais efficace, emportée par une caméra souvent à l'épaule pour mieux traduire les émotions des scènes et des personnages.
99 Homes ne cherche pas à faire dans la grande fresque misérable et c'est ce qui le rend vraiment intéressant. Le film fonctionne très bien, même en utilisant quelques procédés attendues.