9 mois ferme est le nouveau long-métrage du réalisateur et comédien français Albert Dupontel (Le vilain). Dans cette tragi-comédie l’excellent Dupontel apporte une nouvelle fois une bouffée d’air frais au genre de la comédie française en réussissant à tordre de rire le spectateur sur un sujet qui est pourtant au départ tout sauf drôle.

Drôlement irrévérencieux !

« La solution aux crises dramatiques est souvent une pirouette (gags ou dialogues) » déclare avec justesse le réalisateur. 9 mois ferme c’est l’histoire d’une femme juge qui après une enfance pas facile (abandon de son père, décès de sa mère …) ne croit plus guère en la famille et consacre sa vie à son travail au dépens de toute vie de couple. Pensant avoir tout compris à la vie (contrairement aux pauvres couples qu’elle voit défiler toute la journée au Palais de justice) cette dernière va se retrouver enceinte après une fête du nouvel an un peu trop arrosée. Comble du comble, après analyses ADN, l’enfant serait celui d’un criminel arrêté par la police pour avoir violemment découpé un vieil homme et mangé ses yeux lors d’un cambriolage.

Dépitée par la nouvelle, Ariane Felder alias Sandrine Kiberlain n’aura de cesse que de tenter de comprendre comment une telle situation a pu se produire et si Bob Nolan (joué par Albert Dupontel lui-même), le père de son futur enfant, est véritablement le « taré débile » qu’il parait être. Cette romance originale entre un juge et un criminel s’inspire du documentaire de Raymond Depardon « 10ème chambre, instants d’audience ». Son héroïne, la Juge Bernard-Requin, intervient d’ailleurs dans le film dans le rôle de la présidente du tribunal et ce après avoir conseillée techniquement Dupontel sur les incohérences de son scénario vis-à-vis de la profession (et volontairement validée certaines d’entre-elles à des fins scénaristiques et comiques).

Un casting de théâtre

Le casting aux petits oignons est un véritable régal. Exit les têtes d’affiche « Bankable » du cinéma français type Dubosc, Dany Boon and co et place à de véritables acteurs, presque tous comédiens de théâtre. Ainsi l’excellent Nicolas Marié campe Maître Trolos, un avocat bègue et incompétent au timing comique quasi parfait (ses plaidoiries à elles seules valent le déplacement) tandis que Philippe Uchan interprète un juge quelque peu collant. Tous portés par de très talentueux comédiens, les personnages secondaires profitent également des dialogues irrévérencieux et à mourir de rire de Dupontel, ce qui ne gâte rien. A noter la présence de nombreux guests dont Jean Dujardin dans des rôles surprenants (et hilarants) que je vous laisserai le soin de découvrir au cinéma !

Côté personnages principaux, Dupontel s’économise le choix d’un premier rôle masculin en incarnant lui-même le personnage de Bob Nolan et s’en tire encore une fois avec les honneurs tandis que Sandrine Kiberlain nous prouve elle aussi une fois de plus qu’elle arrive à être aussi convaincante dans des rôles comiques que tragiques. Arrivée tardivement dans le casting (Dupontel ne parvenant pas à trouver son premier rôle féminin), le film aurait tout bonnement été annulé si Sandrine n’avait pas réussi à convaincre le réalisateur lors de ses essais. Excellent choix donc de Dupontel qui recherchait pourtant au départ une brunette pour jouer un personnage plus sévère, moins humains et moins drôle que celui qu’à finalement offert Sandrine Kiberlain au metteur au scène.

Verdict

Au final et avec une durée de 1h22 seulement, « 9 mois ferme » se présente comme une très bonne comédie qui ne manquera pas de vous faire rire, voir même de choquer les plus prudes d’entre vous via quelques scènes un peu osées (oui je pense à toi scène filmée près des poubelles par les caméras de surveillance). Dupontel nous plonge une fois de plus dans son monde et on prend beaucoup de plaisir à le découvrir. Armé d’un très bon scénario, tourné dans la plus belle ville du monde (dont une partie au véritable Palais de justice de Paris – chose assez rare pour être mentionnée) avec de très bon acteurs, il n’y a vraiment pas grand-chose de négatif à reprocher à ce « petit film » qui n’a surement pas coûté la moité du salaire moyen de Dany Boon et qui mérite pourtant de rapporter le triple de recettes. 9 mois ferme et à découvrir sans faute mercredi 16 octobre dans tous bon cinéma près de chez vous.
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le 15 oct. 2013

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