La comédie française, principalement des dernières années, est un genre rempli de merdes qui atteignent parfois des abysses de connerie tellement profonds qu'ils marquent les esprits par leur médiocrité. Et j'avoue que le mien a encore du mal à se débarrasser du Baltringue avec ce tocard de Lagaf' ou encore du Missionnaire avec Jean-Marie Bigard dont la finesse de l'humour est archi reconnue . D'eyjamachinull, des Dalton, de Brice de Nice, de Camping et de son horrible suite, d'Hollywoo, de Taxi 3, de... (bon arrêtons les confessions intimes ici). Et parfois, des étincelles surgissent, des films corrects arrivent à se frayer un chemin dans ce paysage nauséabond et sont tellement corrects que les gens s'extasient dessus (mais qui a dit Intouchables?). Et c'est le cas de 9 mois ferme cette année, même si l'ampleur médiatique n'est pas aussi importante. Mais bon, pourquoi vouloir se priver d'une comédie française qui vaut le coup d'oeil? (et oui, ça existe)



9 mois ferme est le dernier film réalisé par Albert Dupontel, 4 ans après Le vilain. Je n'ai jamais vu de films de Dupontel, je le connaissais juste de nom. J'allais voir ce film sans de grandes attentes, et j'en suis ressorti plutôt agréablement surpris. Le gros problème de cette comédie est qu'elle est inégale et aurait pu bénéficier d'un meilleur soin d'ensemble, surtout sur la structure scénaristique.

L'histoire est celle d'une quadra carriériste qui tombe enceinte comme par enchantement. Dupontel a fait le choix d'en faire une sorte de conte loufoque et cet aspect est vraiment plaisant. En s'affranchissant de toute rationalité ou presque, l'humour du film apparaît décalé, absurde et cynique. Tout ce que j'aime sur le papier en somme!

Mais le souci du film est qu'il souffre de gros problèmes de rythme rendant laborieux certains passages. On alterne ainsi le poussif et l'hilarant sur les 1h20 du film. Le film est poussif quand des séquences de cabotinage s'éternisent (merci Maître Trolos) ou encore quand l'humour devient un peu grassouillet.

En revanche le film surprend par ses passages loufoques et gores (les hypothèses sur la nuit du crime sont juste hilarantes). Les petits détails lors des flashs infos rajoutent également au comique. On sent que le film ne se prend absolument pas au sérieux, et ça fait plaisir de voir des situations bien senties qui n'ont rien du running gag sans personnalité. On sent au contraire une vraie touche personnelle, une patte d'auteur. Pas parfaite certes, mais avec une énergie quand même très appréciable.



Sur un plan formel on la ressent cette énergie d'ailleurs. Entre les petits effets et les plans bizarroïdes, on la voit même si c'est parfois un peu moche (bon rien de trop dramatique ceci dit). 75% du film est composé de plans obliques mais bon quelque part c'était pas si mal, ça rajoutait au côté décalé de l'objet.
Au niveau de l'interprétation, Dupontel patauge parfois un peu à cause d'un personnage pas assez creusé bien que bien sympathique. Sandrine Kiberlain étonne dans son rôle, rendant son personnage coincé assez surprenant par moments. Je regrette juste les seconds rôles souvent anecdotiques et parfois irritant (et je me répète encore, le Maître Trolos est juste insupportable)

Ce qui est dommage c'est que le film ne soit pas plus mesuré que ça, on sent tout que Dupontel a du talent humoristique mais qu'il ne l'exploite pas assez et le balance de temps à autre sans une construction scénaristique digne de ce nom. C'est dommage que le film soit si inégal car il y a des moments qui m'ont fait rire aux larmes. Mais à la fin on ne peut s'empêcher de penser que ça aurait pu être mieux sans les quelques faiblesses d'écriture.

Néanmoins je ne déconseille pas ce film qui se montre divertissant et très drôle par instants. Avec un soupçon d'inventivité et un "aspect conte de fées décalé" Si il n'est pas indispensable, il dégage un capital sympathie bien agréable pour ma part. Une comédie qui se regarde tranquillement et qui fait passer le temps sans abrutir son spectateur. Et ça quelque part, ce n'est pas anodin.
Moorhuhn
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le 4 nov. 2013

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