Ariane Felder est enceinte ! C'est d'autant plus surprenant que c'est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c'est que d'après les tests de paternité, le père de l'enfant n'est autre que Bob Nolan, un criminel poursuivi pour une atroce agression. Ariane, qui ne se souvient de rien tant elle était ivre cette nuit-là, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l'attend...

« Je préfère parler de drame rigolo que de comédie - confie le cinéaste-auteur-acteur. Je n’écris jamais de choses drôles. Mes histoires sont toujours une tragédie. Là, il s’agit d’une juge imbue d’elle-même, carriériste, austère, et qui descend en enfer quand elle comprend qui elle est ! » Cette vieille fille aigrie, fière de ne s’être jamais abaissée à devenir mère, va se retrouver, après une cuite, engrossée par un tueur, un psychopathe qui croque les yeux de ses victimes… « Une fois que j’ai écrit un drame, qu’en faire ? Je le traiterais comme un Ken Loach si j’avais son talent. Alors, par pudeur, je travestis la tragédie en Grand-Guignol » - ajoute notre réalisateur.

Comédie totalement déjantée, 9 mois ferme a l'avantage de ne jamais se prendre au sérieux. Nous sommes dans l'absurde et le burlesque du début à la fin. Rien n'est vrai et tout est permis à ce cinéaste qui jongle avec les formules, invente le mot globophage et ne cherche même pas à nous faire prendre les vessies pour des lanternes. Si on n'entre pas dans sa loufoquerie, autant quitter la salle, c'est sans espoir... Si on aime le burlesque, il y a de bons moments et surtout une interprétation de qualité, autant de la part de Sandrine Kiberlain qui parvient à nous effarer, autant qu'elle l'est elle-même, que de celle d'Albert Dupontel révulsant en permanence et attendrissant sur la fin, enfin par Nicolas Marié qui, en avocat bègue, nous fait une démonstration fort éloquente de ce que peut être une plaidoirie lorsque la bande sonore se détraque. Je ne vous parlerai pas des scènes gore, il y en a, par exemple celle d'un médecin légiste en train de découper son cadavre à la tronçonneuse - mais à ce moment j'ai fermé les yeux et ne peux tout vous décrire, alors remboursez ! - où les scènes interdites au moins de 14 ans qui sont floues au final, alors ?

Ai-je apprécié ce film ? Pas vraiment, c'est un peu trop absurde, trop saugrenu, trop extravagant, pour, en fin de compte, être très moral. Mais oui ! Comment une psycho-rigide peut arriver à assouplir sa rigidité et comment un dangereux psychopathe parvient à retrouver un comportement quasi sociable. Le pire engendre parfois le meilleur...au mieux le moins mauvais.
abarguillet
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le 14 nov. 2013

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abarguillet

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