Critique par une cinéphile n'ayant pas bien fait ses devoirs (et tant mieux)

Les critiques sur ce film n'ont que le mot "autofiction" à la bouche. Je suis allée voir ce film sans trop savoir qui est Maïwenn, une vague idée fondée sur pas grand chose, le mot "autofiction" déjà entendu mais dans un coin de la tête, pas trop envahissant.
J'ai donc vu ce film comme une fiction, dans laquelle il se trouve que la réalisatrice joue aussi le rôle principal (ce qui ne veut pas automatiquement dire "autofiction"). Eh bien tant mieux car j'ai passé un bon moment, contrairement aux cinéphiles bien renseignés et à l'affut de l'autofiction et de ses défauts !
Pourquoi partir forcément du principe que Maïwenn la réalisatrice pense tout pareil que Neige, le personnage qu'elle incarne, et que donc Maïwenn pense que la solution à nos problèmes se trouve dans le pourcentage de telle ou telle origine dans notre ADN ? Elle n'a pas le droit de montrer un personnage qui le pense ? Je n'ai pas du tout eu l'impression que j'étais obligée d'être d'accord avec ce personnage, j'ai pensé qu'elle (Neige) faisait fausse route mais ça ne m'a pas empêchée d'apprécier de cheminer sur cette route pendant 1h30. Je l'ai vu plutôt comme un film sur le deuil et sur les chemins absurdes sur lesquels peut nous mener la tristesse.
J'ai lu qu'on reprochait les "torrents de larmes" suite à la mort du grand-père et les scènes "interminables" qui suivent son décès. Il me semble qu'on peut quand même choisir de montrer un personnage triste quand il vient de perdre un grand-père particulièrement cher non ? J'ai au contraire apprécié ces scènes assez rares des minutes suivant un décès dans un EHPAD, alors qu'on saute d'habitude directement à l'enterrement.
Dans une émission sur France culture, des critiques reprochent même à Maïwenn que son personnage Neige rigole dans le film à des blagues faites par un autre personnage, blagues écrites par Maïwenn car scénariste, donc : "elle rigole à ses propres blagues"... Drôle d'analyse tout de même que cette assimilation totale du personnage à la réalisatrice.
Après je n'ai pas cherché à savoir si en effet Maïwenn revendique ou non l'autofiction, et si c'est le cas je pense qu'elle ne rend pas service à son film mais peu m'importe. Mon conseil : allez le voir sans savoir qui est Maïwenn et en oubliant l'existence du concept d'autofiction.
Merveilleuse scène de choix de cercueil.

lapalue
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le 25 mai 2021

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