Maïwenn pratique l'auto-fiction depuis ses débuts mais y insère des éléments de fiction, comme certains écrivains, plus ou moins imbuvables d'ailleurs (Angot). Son sujet de prédilection, c'est la famille et elle y revient encore avec ADN, à la fois œuvre sur le deuil, la transmission et les origines. Vaste programme que la réalisatrice traite de sa manière très personnelle, avec ce naturel "lelouchien" dans certaines scènes et un déséquilibre assumé dans un récit parfois répétitif et souvent erratique. Elle passe dans ADN du groupe à l'individu (c'est à dire elle-même), sans sommation, et nombreux sont ceux qui trouveront la deuxième partie trop égocentrée voire nébuleuse quant à ce désir de se reconnecter à une partie de ses gênes, en hommage à son grand-père, naguère venu d'Algérie. On n'est pas obligé d'adhérer à ce point de vue et apprécier la description de cette quête intime même si elle n'est pas forcément explicitée. Il est arrivé à Maïwenn de confondre vitesse et précipitation dans ses précédents films et de se laisser aller à l'hystérie et au chaos. Il y a bien une forme de désordre dans ADN, mais il est source d'émotion et se rapproche de la vie, entre euphorie et détresse. Et puis, cette question de savoir d'où l'on vient pour déterminer où l'on va parle à tout un chacun. La cinéaste a réservé à Fanny Ardant ses dialogues les plus acérés et à Louis Garrel, formidable, les plus drôles. Comme chez Lelouch (décidément), Maïwenn a l'art de choisir ses acteurs et de les diriger avec un mélange remarquable de poigne et de liberté. Cela ne fait pas un film poli et cohérent mais plein d'énergie et de vitalité, si, assurément.

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le 28 oct. 2020

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