L'art de la vitalité
Cinq ans après Mon Roi, Maïwenn retrouve le chemin de la réalisation avec ADN. Un drame intimiste, sobre et très personnel, qui questionne le deuil et la quête des origines dans la France...
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le 21 sept. 2020
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Avec ADN, Maïwenn livre un drame familial très personnel sur le deuil et le sens de la transmission, fiévreux, intime et intense, maladroit et imparfait certes mais sincère.
Que le film ressorte sur les écrans après la pandémie le fait resonner différemment aujourd’hui, alors que beaucoup d’entre nous ont dit adieu à leurs anciens. L’impact émotionnel est sans doute renforcé et il est toujours fascinant de voir comment un film peut être reçu différemment en fonction du moment où on le rencontre.
Sur un mode quasi-documentaire, la réalisatrice filme les répercussions de la mort du patriarche sur les relations tendues qui unissent ses descendants. La perte de ce point de repère solide exacerbe les ressentiments et les rancunes. Les mots sont durs, violents souvent, les regards tout autant, les conflits ouverts. Mais ils s’accompagnent aussi de moments doux (la relation du grand-père et de son petit-fils est belle), de preuves d’amour camouflés derrière les cris et dans la manière de chacun de dire au revoir.
Maïwenn capte ce moment d’après avec un naturel désarmant, mais aussi parfois embarrassant tant le spectateur peut avoir l’impression d’être pris à parti et d’être assigné à un rôle de voyeur.
Les affrontements acides entre les membres de la famille peuvent se perdre dans une surenchère complaisante mais sonnent aussi parfois incroyablement juste. Un déséquilibre permanent qui se ressent aussi dans la réalisation.
Maïwenn, entourée d’excellents comédiens qui servent des dialogues et des punchlines tour à tour drôles ou puissants, confirme que sa direction d’acteurs est l’une des plus maitrisée du cinéma français. C’est moins le cas de son scénario qui souffre de déséquilibre entre la première partie consacrée à la gestion du deuil par la famille, bien tenue malgré ses excès, et la seconde axée sur la quête identitaire de son personnage principal, dont le traitement un peu brouillon étend inutilement le film tout en perdant l’effet de troupe qui donnait tout le sel de sa première partie.
Mais si ADN mérite vraiment notre attention, c’est aussi grâce à ses imperfections qui participent à sa singularité et à sa force.
Créée
le 6 juin 2021
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