A Ghost Story par Christine Deschamps

Entre le rythme très, très nonchalant du début et l'apparition décalée de Casper le fantôme, on ne peut pas dire que le début impressionne favorablement. Malgré les effets à la Poltergeist du pauvre, qui pourraient augurer d'un tout autre type de film. Mais j'étais prévenue, je savais qu'il s'agissait davantage d'une méditation que d'une histoire d'horreur. Sans gâcher aucune surprise, le gars meurt et revient hanter sa maison texane, tandis que sa jeune veuve mange une tarte. Je vous avais prévenu, c'était mal barré. Sauf que ça finit bien mieux, avec des trouvailles émouvantes, des considérations passionnantes sur le temps et une bande-son soignée et évocatrice, au charme de laquelle on finit par céder presque inconsciemment. Un travail remarquable, de ce point de vue. Les bruits du quotidien sont tour à tour magnifiés ou gommés, étirés ou feutrés, mixés, pulvérisés et recomposés, sans aucune trêve, pour créer une sorte de vortex sonore enivrant, mais pas tapageur. Et ça donne aux images une force folle. Pour l'anecdote, c'est marrant de retrouver le couple maudit des Amants du Texas, du même réalisateur, dans une histoire d'un tout autre tonneau, mais qui pourrait compléter le portrait de ces personnages un peu à la dérive, seuls dans un monde incompréhensible, ayant forgé une sorte de mythologie de couple tout à fait personnelle, à des kilomètres des clichés habituels. Dans les deux histoires, la mort rôde et frappe, mais aux deux extrêmes des films. En tout cas, le parti-pris de tenir pour acquis le surnaturel et d'imputer le mystère à des choses du quotidien (des petits mots laissés dans les interstices du réel) m'a semblé fertile et original. Bref, un film sans dialogues ou presque mais pas du tout muet, qui raconte des tas de choses à des niveaux différents. Une curiosité poétique à voir et peut-être même revoir, pour bien en saisir les ficelles.