Moins qu'à l'histoire, qui n'est finalement qu'un prétexte, Chandor s'intéresse aux personnages, à leur destin et à la façon dont ils se comportent - au sein de leur clan - pour arriver à leur fin. Dans Margin Call, nous assistions, effarés, au branle-bas-de-combat de la caste des spéculateurs de tous poils contraints en une nuit de se débarrasser de tous leurs actifs pourris et ce quel qu'en soit le prix. Peut être plus emprunt d'humanité mais tout aussi opportuniste, Abel, le chef d'entreprise de A Most Violent Year est prêt à tout - dans le cadre de la loi - pour obtenir le leadership dans son secteur. Une lutte s'engage avec ses concurrents. Et les sentiments n'ont pas leur place.
Dans ces deux films, il n'y a pas de héros à proprement parler c'est-à-dire de héros porté par de nobles valeurs ou par une cause qui le dépasse. Non, le héros ici est contraint par son milieu, engagé par ses intérêt donc finalement un anti-héros davantage mu par ses faiblesses que par sa force. C'est peut être cette contradiction qui dérange chez Chandor. On espère au début du film et jusqu'à un certain point qu'il nous offre le héros attendu. Et au final, cela n'arrive pas. C'est même l'inverse qui se produit puisqu'Abel souscrira en fin de compte (c'est le cas de le dire) à la loi vénale de sa femme. Le vrai héros du film, le jeune chauffeur traumatisé par les attaques dont il est victime se trouve sacrifié au nom de la raison économique et ceci dans un extraordinaire plan final qui résume à lui seul la logique à l'oeuvre depuis le début de l'histoire.


Car Chandor est aussi intéressant pour son art de la mise en scène et particulièrement du cadrage et du découpage plan par plan. La ville, espace de territoires des uns et des autres est ainsi donnée à voir en une succession de tableaux urbains magnifiques. Au cœur du film, - et de la ville - deux scènes d'action fulgurante : un braquage sur un pont où la tension est à son maximum et une course poursuite en voiture filmée comme rarement.


Un film à voir


Personnages/interprétation : 8/10
Histoire/scénario : 7/10
Réalisation/Mise en scène : 9/10


8/10

Theloma
8
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le 20 févr. 2015

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