Troisième film en trois ans pour ce réalisateur sorti de nulle part au talent certain. J.C. Chandor a surpris tout le monde avec Margin Call, un thriller sur l'effondrement de Lehman Brothers à l'origine de la crise économique que nous vivons aujourd'hui. Grâce à une écriture fine et un casting de Mad Men chic, le jeune réalisateur a su marquer son monde. En 2013 sort son deuxième film, qui ne pouvait être plus à l'opposé du premier. On quitte la fourmilière de Manhattan pour se perdre en mer dans All is Lost. Les dialogues en continue de Margin Call sont remplacés par deux-trois mots maximum. Et le casting chic se réduit à la seule figure de Robert Redford. Cette fois-ci ce n'était plus le scénario mais sa mise en scène qui restait en mémoire. A most violent year rassemble les deux bons côtés des deux premiers films, un film parfaitement bien écrit et magnifiquement mis en scène.
Sur le fond, A most violent year est déjà intéressant. Le film raconte le revers du rêve américain. Un immigré qui a réussi aux États-Unis se retrouve forcé de se transformer en gangster pour s'en sortir. Sur la forme, c'est un bijou cinématographique, un pur film noir hollywoodien. Le couple ultra-glamour incarné par Oscar Isaac et Jessica Chastain ressemble à un classique des années 30. Le film est très stylisé, dans les détails du décor et le soin apporté aux costumes. Trop de trop. Le film est parfait sur tous les détails, le summum de l'académisme. Après deux premiers films à l'opposé, J.C. Chandor peine une fois de plus à imposer sa marque. Qui se cache derrière cet acronyme J.C. ? On entend déjà des admirateurs le vénérer... A most violent year est le film d'un grand artiste, d'un grand faiseur, mais ne porte pas la patte d'un auteur. Le résultat est une perle sans intensité, un film étincelant qui manque cruellement de personnalité.