Bien que fondamentalement distrayant, notamment en multipliant les courses entre gendarmes et voleurs, A ceux qui nous ont offensés, au titre un peu pompeux, est loin d'être dénué d'ambition. Déjà, Adam Smith, le réalisateur, s'est à raison méfié comme de la peste du misérabilisme qui colle parfois à certains films sociaux britanniques. Il cite d'ailleurs comme influence majeure Chat noir Chat blanc de Kusturica, indication précieuse pour mettre à jour ses intentions. Bien que tiré d'un fait divers, le film ne cherche pas à tout prix le réalisme et se frotte de temps en temps à la comédie façon Affreux sales et méchants. Face à l'ostracisme courant vis-à-vis du mode de vie des gens du voyage, et pas seulement outre-Manche, Smith a choisi d'adopter un ton en décalage de ce que l'on est en droit d'attendre d'un film présenté par certains comme un polar, ce qu'il n'est pas, ou alors un film de gang, ce qu'il est davantage, avec une relation père/fils comme détonateur à mèche lente. Ce n'est pas Le Parrain, d'accord là-dessus, mais il y a des relents de tragédie shakespearienne dans cette évocation du déterminisme familial. Pour être honnête, le film ne réussit pas pleinement à raccorder ses différents choix de thématiques et de tonalités mais il a au moins le mérite de ne pas suivre un chemin balisé et de garder en tête une certaine tradition du cinéma anglais déjà social mais aussi anarchisant et affranchi des conventions bien pendantes, au temps du Free Cinema des années 60. Dans ce film peu policé et relativement décousu, Michael Fassbinder s'impose de belle façon, une fois de plus, se permettant même de damer le pion au grand Brendan Gleeson. Son interprétation est une raison de plus pour ne pas négliger ce faux petit film à la fois malin et maladroit, tout aussi léger que dramatique.

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le 4 mars 2017

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