Je connais le réalisateur James Gray de nom depuis des années. Je sais que ses films sont réputés, notamment La Nuit nous appartient, Two Lovers. Depuis de nombreuses années, j'en vois les affiches dans le métro mais sauf erreur de ma part, je n'avais jamais franchi la porte d'une salle de cinéma pour aller en voir un. Cet été, j'ai vu l'affiche de Ad Astra, en gros, c'est Brad Pitt en scaphandre, dans l'espace. Et je savais vaguement que le film parlait de daddy issues. Puis j'ai lu une très longue interview du réalisateur dans Libé. Mais c'est surtout l'effet carte ugc qui m'a convaincu d'aller le voir. (Très puissant l'effet carte ugc, vous allez voir).


Nous sommes donc vendredi soir, je sors du boulot après une semaine de dur labeur et j'ai eu des soucis pour réserver avec l'application Mk2. Je me sens assez fatigué, je sais peu de choses de ce film et là, immédiatement je suis frappé par le rythme. C'est lent, sans non plus être contemplatif, mais la voix off de Brad Pitt nous maintient un peu à distance du récit, de sorte que la séquence d'action initiale parait peu intense. On entre dans une véritable méditation. Avec Roy McBride, astronaute de profession (Brad Pitt hein), qui se voit confier une mission qui implique potentiellement son père, perdu de vu depuis des années aux confins du système solaire. Si vous pensez qu'il s'agit d'un film spatial, avec de l'action, une quête de quelque chose de plus grand ou de différent de l'humanité, vous risquez d'être déçus. James Gray, pour figurer l'absence du père dans la vie d'un homme a eu le bonne idée de l'envoyer à des millions de kilomètres. Mais comme ça, on comprend très bien de quoi il s'agit. J'imagine la scène enfant de Roy dans la cours de récréation, mais il est où ton papa ? Et lui de répondre, mon père est en orbite autour de Neptune. Mais ce que le film n'occulte pas, ce sont les répercussions de cet absent omniprésent. Difficultés de s'attacher pour l'enfant, idéalisation du père qui devient un héros, mimétisme dans le choix de la profession, et une certaine distance avec ses émotions. Je ne sais pas si votre père à vous a été absent de votre vie, mais pour mon cas, il me semble que ce que l'on voit dans ce film est assez plausible.


Assez étrangement, ce film m'a plu, et je ne me suis pas endormi devant. Comme justement, j'étais assez fatigué en le voyant, cette atmosphère une peu chiante m'a beaucoup apaisé. Et puis, il y a de sacrées belles images. La photographie de la planète Mars par exemple, bien qu'un peu stéréotypée avec ses teintes orangées, elle fonctionne pas mal. Les scènes se déroulant sur la lune donnent vraiment l'impression d'être dans l'espace. Et puis on sent que le plan le plus banal est travaillé, avec un cadre toujours très riche. Les scènes en apesanteur son également très prenantes. De plus, on a affaire à un réalisateur qui sait que les films avec des singes, c'est mieux que les films sans. Surtout dans l'espace (2001 est un vrai précurseur).


Ce que je retiens de tout cela, c'est que si ton père est loin de toi pendant si longtemps, c'est probablement qu'il n'en a rien à foutre de ta personne et qu'il pense avoir plus important à faire dans son coin. Mais la morale du film, c'est bien de s'affranchir de cette absence. Et c'est dit assez explicitement lors de la dernière réplique: "Je vais vivre et aimer."


Beau programme.

Andika
6
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le 27 oct. 2019

Critique lue 122 fois

Andika

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