Fade Astra
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le 20 sept. 2019
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Beaucoup crient au chef-d’œuvre et il faut avouer que c’est peut-être un peu trop vite dit et que ce terme a tendance à devenir de plus en plus galvaudé. Non, « Ad Astra » n’en est peut-être pas un, définitif et de la trempe de ceux qui se placent comme tel dès leur sortie et comme ont pu l’être quelques bijoux du genre tel que le méconnu « Dark City ». Il ne le sera certainement pas plus avec le temps comme le sont devenus des œuvres du genre. On pense bien sûr à « Blade Runner » et très certainement à sa brillante et magnifique suite, « Blade Runner 2049 ». Car cette aventure spatiale détient pas mal de menus défauts qui l’en empêchent et qu’elle recèle bien trop de choses déjà vues ailleurs. Le long-métrage n’est absolument pas dans le plagiat c’est un fait ; mais il n’est pas dans non plus dans la simple influence ou la référence polie. On est plutôt dans un entre deux qu’on définira comme des emprunts en forme d’hommage ou des emprunts inconscients. On peut citer en vrac « Alien », « Total Recall » ou encore « Space Cowboys » pour l’apport au casting du film de deux des papis du film de Clint Eastwood que sont Tommy Lee Jones et Donald Sutherland. Et même, si l’on prend cette direction, les apparitions de Liv Tyler tout droit sortie de « Armageddon », un film du genre à 180 degrés de celui-ci.
Bon nombre d’auteurs se sont essayés au film de science-fiction les décennies passées. On pense à Alfonso Curaon et son magistral « Gravity » auquel emprunte (encore) James Gray avec son personnage central quasiment toujours seul en passant par le côté lyrique et métaphysique de Christopher Nolan avec son passionnant mais un tantinet surcoté « Interstellar ». Mais aussi à Damien Chazelle avec son ennuyant et clairement surévalué « First Man » sorti l’an passé. Et on en oublie dans les références passées et les auteurs qui se sont essayés à cet exercice. Comme si se frotter à ce genre si codifié qu’est la science-fiction était un rite de passage obligé. Mais ici on est loin du space-opera à la « Star Wars », on est dans le versant plus intellectuel et contemplatif du genre. Les images sont belles à se damner et Gray nous concocte quelques plans sidérants et inédits qui resteront gravés dans les mémoires de cinéphile (on pense à la séquence de poursuite sur la Lune, à celle de la ceinture de météores autour de Neptune mais aussi aux décors froids et désincarnés de Mars). Bref « Ad Astra » nous fait voir du paysage galactique et le fait bien.
Mais le centre névralgique du film est bien la quête du père incarné par Tommy Lee Jones. Et le contexte spatial n’est qu’un emballage à cette véritable obsession chez le cinéaste. Qu’on aime ou pas les longs pensums, celui de « Ad Astra » est assez réduit pour ne pas être trop pesant. Et Brad Pitt, monolithique à souhait (et donc parfaitement adapté au personnage), assure le travail avec une voix off ni trop présente, ni pas assez, pour que les silences ne deviennent pas synonyme d’ennui. La séquence d’ouverture est impressionnante et il y a quelques péripéties qui rythment bien cette œuvre ambitieuse qui ne décroche que sur le dernier quart un peu décevant. En effet, les retrouvailles n’étant pas aussi fracassantes que prévu et l’émotion restant de côté comme dans le plombant « First Man » cité plus haut. On pardonnera aussi quelques invraisemblances que même un novice en sciences saura déceler pour se satisfaire de cette œuvre ample, propre et réussie en dépit de ses influences fort visibles et de son côté réflexif assumé mais qui ne plaira pas à tout le monde. En somme, après le soporifique « The Lost City of Z », Gray fait bien mieux mais on peut avancer sans trop se mouiller qu’il n’ait jamais aussi bon que dans ses premières amours : ses tragédies familiales mâtinées de polar.
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Créée
le 27 sept. 2019
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