Le dernier Godard est un très bon Godard (beaucoup plus réussi que Film Socialisme à mon goût) : un film à la fois très politique (on pense même parfois à la période Dziga Vertov) et très poétique (le film charrie une belle et constante mélancolie (plutôt que de la misantropie). Comme depuis environ 20 ans, le film se présente sous une forme expérimentale (on pense même parfois à une version cinéma de la musique concrète), avec une narration eclatée, collage d'images, d'images d'archives (cinéma), de sons, de musiques, etc. Mais une narration tout de même, puisqu'il y a clairement une histoire d'amour qui soustend la pensée du cinéaste. Mais aussi, et surtout, il y a un chien. Le chien est sans doute l'acteur principal du film, et il ne faut pas longtemps pour comprendre qu'il est la représentation de Godard à l'image. Ce n'est pas pour rien si Godard parle de la déclaration des droits des animaux. Cet autoportrait en chien, c'est surtout cela que signifie l'adieu au langage du film. Il y a bien sûr la disparition du langage au profit du mot, du mot qui ne veut rien dire, qui a perdu son sens, celui du téléphone portable et de ceux qui l'utilisent (les Possédés dit Dostoievski), mais cet adieu au langage c'est surtout celui de l'isolement du cinéaste, qui se sent désormais tellement seul qu'il s'est transformé en chien, incapable de communiquer avec les hommes. Mais en même temps, comme le dit Godard dans le film, le chien est la seule race de ce monde capable d'aimer les hommes plus que lui-même.
FrankyFockers
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le 23 mai 2014

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