Bon voilà, j'ai pas aimé.

J'ai compris le film, mais j'ai pas compris pourquoi.

Pendant une heure dix, Jean-Luc Godard nous montre des images et des sons dans le désordre, pas toujours de lui, volontairement ratés, avec des ralentis saccadés, des changements de couleurs, des répétitions, des tremblements, une qualité parfaite ou très mauvaise. Et c'est tout.

Non, d'accord, il y a aussi une histoire que je pense avoir comprise, ou du moins l'essentiel. La mort du langage, donc la mort de la société, et puis la mort du cinéma aussi, un Jean-Luc Godard qui ne croit plus en rien sauf en la mort, et qui nous l'assène avec un film qui n'en est pas un. Oui, le moyen le plus simple de nous montrer que le cinéma est mort, c'est en faisant un film déjà mort avant même d'avoir commencé.

Godard veut casser les codes. Il a toujours voulu casser les codes. Et tant mieux, grâce à lui, le cinéma a beaucoup avancé. Mais là, Godard veut vraiment casser les codes jusqu'au bout, et... c'est juste plus possible.

Il n'y a que la 3D pour laquelle les expérimentations du réalisateur valent le coup. J'ai eu mal durant les huit heures qui ont suivi la séance mais je ne regrette rien, c'était vraiment quelque chose que personne n'avait fait auparavant. Mais pour le reste, je ne pardonne pas.

La durée du film. Seulement une heure dix alors que clairement, vu le contenu, il aurait pu en faire un court-métrage de 10 minutes comme un film normal d'une heure quarante. D'où ma question : pourquoi ? Pour casser les codes.

Pas d'introduction. Pas de conclusion. Juste des images et des sons, tout le temps. Des parties entières dans le désordre (la partie 2 du film est avant la partie 1 du film). Pourquoi ? Pour casser les codes.

Un générique qui contient une liste des différentes caméras utilisées, au même titre que la liste des acteurs. Pourquoi ? Pour casser les codes.

Godard préfère nous montrer des images de vacances avec son chien plutôt que des images cadrées sur les visages des acteurs pendant qu'ils parlent. Pourquoi ? Pour casser les codes.

Godard parle de caca et fait évoluer un couple nu dans son appartement pour... Oh bah oui tiens, pour quoi ? Pour casser les codes sûrement.

Et puis, Godard ne voulait pas de prix à Cannes. Eh bien ne lui en donnons pas. D'ailleurs son film était sélectionné mais il n'est pas venu. Pourquoi ? Pour casser les codes.

Ce que j'ai vu n'était vraiment pas un film. C'était quelque chose qui ne servait pas à grand chose. Et pourtant, moi aussi j'étais parti avec toute la bonne volonté du monde (coucou Flagblues), j'ai tout fait pour détester le moins possible, pour trouver le moindre détail qui pourrait me plaire. J'ai beaucoup aimé 4 ou 5 plans, j'ai entendu une phrase qui m'a plu mais j'ai malheureusement compris juste après qu'elle n'était pas de Jean-Luc Godard mais de Claude Monet. Je ne comprends vraiment pas pourquoi avoir fait ce film de cette façon, si ce n'est pour casser les codes. Ce que je n'ai pas supporté, c'est que Godard utilise tous ces artifices sans autre raison que celle-ci, et que ça ne sert donc à RIEN. Pourquoi avoir choisi de détruire un son en le répétant plusieurs fois à la suite de façon incomplète ? Pourquoi ne pas l'avoir laissé tel quel, tout simplement ? Pour casser les co- non, attendez. Attendez attendez. J'ai compris. Ce n'est pas pour casser les codes, en fait. A travers chaque seconde d'Adieu au Langage, Jean-Luc Godard nous fait un gros doigt d'honneur pour nous dire "haha, regardez, j'en ai plus rien à foutre, j'ai une superbe carrière derrière moi alors bon, vous savez, moi, faire des efforts pour que vous aimiez, au pire c'est pas grave certains crieront encore au génie". Bref, pourquoi, Jean-Luc ? "Parce que je vous emmerde".

Moi, j'aime pas les gens cons. Et Jean-Luc Godard est en train de devenir un vieux con. C'est vraiment dommage, mais c'est comme ça. Un jour il faut arrêter de faire des films, surtout si on a même plus le courage et la volonté de venir les défendre au plus grand festival de cinéma du monde.

Et voilà, ma note. 3.
3 à un film de Jean-Luc Godard.
Pourquoi ? Oh bah, pour casser les codes.

"Que fait le pouce ?
- Il pousse.
- Que faisait le pouce ?
- Il poussait aussi.
- Mais alors c'est le petit poucet."
La drogue.
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le 2 juil. 2014

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