L'Auberge Espagnole

A la sortie de la salle, on ne peut s'empêcher de penser que la déception a réussi à s'inviter au sein de la coloc'. Il partait pourtant sur de bons rails, Adopte un Veuf, avec son air de comédie trans-générationnelle plutôt attachante, à défaut d'être révolutionnaire. Tout cela grâce à un tandem pour le moins inattendu. André Dussollier attire toujours autant la sympathie et est un des seuls acteurs français capable de faire rajouter un point à la notation d'une oeuvre par sa simple présence à l'écran. Bérengère Krief apporte quant à elle un contrepoint souriant, mais le tourbillon promis par la bande annonce soufflera seulement avec la force d'une brise.

Ce n'est pas de sa faute, à Bérengère. Le premier tiers du film passe plutôt bien, même si ce n'est pas transcendant. Ce n'est pas étonnant car finalement, on s'y attache quand même pas mal, à ce drôle de couple. Adopte un Veuf aurait gagné beaucoup à rester centré sur le duo. Mais François Desagnat choisit cependant d'élargir la galerie de portraits. Le quatuor qui en résulte fonctionne pas trop mal, le temps de la prise de contacts et des premières disputes qui arrachent quelques sourires.

En résulte des blessures qui se soignent mutuellement dans le contact, remède aux solitudes hémorragiques de notre temps. Et on se surprend à penser, malgré le fait que tout le déroulement est ultra attendu, que le film tienne bon cette barre là, quand il lance un regard bienveillant sur son (ses) sujet(s).

Mais Desagnat s'avère incapable d'amener son entreprise à bon port. La faute à un dernier tiers qui traîne méchamment et lourdement en longueur, faisant imaginer à son spectateur que son effort laborieux s'étale sur deux heures alors qu'il fait en réalité une heure trente cinq. Et pire, la comédie laisse peu à peu la place à une espèce de truc mou et flasque ou surnagent les péripéties les plus attendues et les morceaux les plus niais et nouilles. Julia Piaton n'est pas à mettre en cause, elle qui compose un rôle pas mal vu. Non, c'est Arnaud Ducret et son personnage dépressif, pathétique et gauche le coupable, insupportable tant ses larmes indiffèrent et sa love story sent le réchauffé fade.

Malheureusement, l'aspect comédie s'est depuis longtemps fait la malle, à mon plus grand désarroi. Et le réalisateur se désintéresse de la relation Bérengère Krief / André Dussollier, tandis que le spectateur se rendra compte que finalement, tous les bons gags et les idées intéressantes avaient été éventés dans la bande annonce. Tout cela fait de Adopte un Veuf un film de consommation courante et peu inspiré, incapable d'exploiter un indéniable capital sympathie initial qui baisse à mesure qu'il avance et se perd en route entre mièvrerie, certains rôles plus que perfectibles et comédie finalement en sourdine.

De quoi donner envie de signifier son congé à son proprio un peu escroc sur les bords, tellement les colocs sont parfois sympas, mais surtout sans-gêne et chiants.

Behind_the_Mask, qui fait ses bagages pour aller crécher ailleurs.