L'échec est-il un éternel gage de réussite ?

Plus humain, plus proche des relations entre les victimes que de l'horreur voire de la science-fiction pure, le troisième opus de la saga est aussi le moins réussi. Malmené par une production chaotique (probablement l'une des pires qu'ait connues le 7e Art), le jeune clippeur David Fincher, 29 ans, fait ce qu'il peut pour proposer un opus aux antipodes de ses prédécesseurs, préférant une nouvelle approche à la franchise mais se noie néanmoins dans une atmosphère futurico-claustrophobique qui se digère mal, la faute principalement à une cohésion d'ensemble désordonnée et un léger manque de savoir-faire.


Les bonnes idées demeurent, à commencer par un changement drastique de décor, une chasse à l'homme originale où les scénaristes questionnent le spectateur sur la nature humaine et le salut de ses protagonistes (des détenus amoraux méritent-ils de survivre ?), contexte religieux en filigrane à l'appui. L'intention est louable, fonctionnelle par instants, mais il faut recontextualiser le propos : le film parle tout de même d'un xénomorphe tueur qui, malheureusement, n'apparait que très rarement et de manière clairement ratée, visible par le biais d'images de synthèse dignes d'un vieux jeu vidéo de PlayStation, à une époque où les CGI étaient encore déconfits.


Les décors, eux, sont à la fois terrifiants, étouffants mais aussi trop spacieux pour y voir un quelconque attachement aux lieux et par conséquent de repères. Ce manque de marques fonctionne pour les protagonistes, pas pour le spectateur. Pour le reste, Alien 3 se démarque avec une direction artistique bancale mais globalement sincère, Fincher apportant du mieux qu'il peut sa vision oppressante, suintante et presque nihiliste de l'univers créé par O'Bannon et Shusett, à travers plusieurs plans inédits et autres iconisations réussies malheureusement interprétés inéquitablement par des acteurs pas toujours bien dirigés, hormis pour une Sigourney Weaver plus badass que jamais et un Charles Dance aussi calme que touchant.


Et si la version longue (exécutée par le studio et non par son metteur en scène) apporte énormément plus de détails quant à la psychologie des personnages, étoffant par ailleurs de nombreux trous laissés par le script du film sorti en salles, transformant le film de A à Z, le résultat final est du pareil au même : peu d'action, trop de blablas pas toujours judicieux, un rythme volontairement lent mais qui n'est pas synonyme de tension maîtrisée et un sens du spectacle pour le moins inégal. En somme, une déception, à peine rattrapée par un final grandiose qui bouclait (à l'époque) la précédente trilogie de façon complètement radicale.


Edit : 30.12.20

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le 2 avr. 2019

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