Empallement par tractopelle et galanteries de circonstance.

Pour une fois que j’amène au cinéma cette personne à qui je veux tant plaire ! Ridley, Ridley, Ridley… c’est pas possible ! La dernière fois que j’ai autant baillé, c’était devant le débat du deuxième tour de la présidentielle. J’ai même cru que je ferais la même chose : partir avant la fin et leur proposer à tous d’aller se faire foutre.
Avant Prométhéus, j’aimais bien les Aliens. Tous. Quand on me proposait d’en regarder un, je disais jamais non. J’ai une nostalgie particulière pour le premier du nom et je sais que les autres sont clairement moins bons mais il y avait un je ne sais quoi que j’adorais. Comme un sentiment d’oppression qui m’attirait toujours. Or là, point de sentiment d’oppression, on va tenter d’expliquer la genèse et je trouve cela fort dommage. Je dirais même que je m’en tape, de cette genèse. La personne qui m’accompagnait n’a pas trouvé le film aussi mauvais que moi. Je lui glisse tout de même que si son genou avait parfois effleuré le mien, la séance m’aurait été moins pénible.


Je suis peut-être un peu con mais pour moi, Alien, c’est Alien, point barre. C’est un destructeur sans dieu ni maitre, un assassin sans morale ni pitié, le serial killer sans défaut. C’est une entité de la destruction, quitte à tuer dans son clan s’il le faut. Il n’a qu’une ambition : la survie, quel qu’en soit le prix.
Je ne veux pas dire par là que je n’accepte pas de connaitre ses origines, bien au contraire. J’aurais aimé savoir si ces bestioles avaient une civilisation, si elles étaient un peu comme les fourmis, s’ils avaient une hiérarchie sociétale autre que l’autorité maternelle. Comprenez du coup, que je suis un brin déçu de voir ses origines réduites aux élucubrations douteuses d’un robot détraqué. Oui, c’est bien décevant. La personne qui m’accompagnait m’a dit que c’était plutôt une bonne idée, cette histoire de virus qui détruit tout. Je lui glisse tout de même que si sa main s’était posée sur la mienne, la séance m’aurait paru moins longue.


Après je ne peux pas nier une certaine recherche à travers les deux robots, ces deux jumeaux issus de générations différentes. C’est Abel et Cain, les frères impossibles. On comprend vite qu’il n’en restera qu’un et on devine aisément lequel. Mais c’est pas grave. Derrière leur créateur j’y vois un Frankenstein un peu fadasse et sans inspiration. Son œuvre est bien vivante mais son but est bien dérisoire. Il ne l’évoque d’ailleurs même pas. On le devine cependant. Créer l’être parfait. En tout cas c’est ce que j’en conclus. La personne qui m’accompagnait m’a dit qu’il y avait un côté M Smith dans ce robot fou. Je lui glisse tout de même que si parfois, ses yeux avaient plongé dans les miens, la séance m’aurait paru bien plus belle.


Mais au-delà de tout ça, beaucoup d’incohérences me gênent. Vous me direz que ce sont des détails mais je crois que justement, être dans le détail, c’est ne pas faire comme les autres. C’est ce qui va différencier Ridley Scott et Christopher Nolan de Michael Bay et Roland Emmerich.


Je ne sais pas par où commencer et je sens bien que déjà, avant de me lancer dans mon exposé, j’ennuie la personne qui m’accompagne. Mais elle ne dit rien. Galanterie oblige (c’est moi qui paie après tout).


Et puis si, je sais par où commencer. Par la scène la plus gênante du film. Le mini-Alien. A ce moment j’ai facepalmé si fort que toute la salle s’est retournée en rigolant. Un Oompa-Loompa Alien qui lève les bras au ciel ! Dieu tout puissant ! Mais qu’ont-ils fait !? J’ai cru qu’il allait enchainer sur une danse du ventre le machin. C’était tellement ridicule ! Le monstre destructeur ultime de la galaxie réduit à l’état de lilliputien baveux, de jouet pour enfant hardcore, de figurine pour collectionneur. J’ai repassé cette scène dans ma tête en imaginant une musique hawaïenne en B.O. Au moins c’était fendard. La personne qui m’accompagnait me glisse que oui, bon, c’était pas top. Je lui glisse tout de même que si sa tête s’était posée sur mon épaule, la séance m’aurait paru moins ridicule.


Quoi d’autre ?
Ha oui ! La vue subjective ! Putain !
Dans Alien 3, c’était déjà une mauvaise idée. C’était déjà démodé. C’était déjà complétement nase. En plus, moi au début, j’avais pas compris que c’était une vue subjective. Pour dire vrai, je n’arrivais pas à m’expliquer ce plan. Après, j’ai compris et j’ai à nouveau facepalmé. J’ai facepalmé si fort cette fois que je m’en suis tordu le poignet et que mon front est resté rouge jusqu’à mon retour at home.
La vue subjective, selon moi, ça doit se réfléchir, ça doit avoir un intérêt pour permettre de voir quelque chose qu’autrement on ne verrait pas. Ou alors de comprendre une aptitude de la bête, de voir un défaut. Là, rien. C’est juste pour voir ce qu’il voit. Ça devait être l’idée du service civique sur l’équipe de tournage. C’est pas possible que Ridley ait laissé passer ça. Ou alors il s’est dit qu’au point où en était le bousin… Dans ma tête, avant cette vue subjective le film valait 5/10, sitôt la vue subjective passée, j’ai baissé ma note de deux points. La personne qui m’accompagnait me glisse que c’était cool d’avoir vu à la façon d’un Alien. Je lui glisse tout de même qu’en me roulant une galoche, la séance m’aurait paru plus subjective.


Autre détail à la con qui me donne envie d’éventrer des bébés chats : quand les mecs déboulent sur la planète, ils ne portent aucune protection ! Aucun masque ! Même pas un en papier contre la grippe ! Et après ils chouinent que certains tombent malades ? Ben oui bande de cons ! Vous auriez regardé des films datant du siècle précédant, vous auriez appris à vous méfiez des virus. Cons comme des pelles les gonzes. D’autant que sur le véhicule, y’a même pas de sas de décontamination. Tous les vaisseaux spatiaux ont un sas de décontamination !


Avant d’en venir à mon dernier point concernant les personnages, je ne peux m’empêcher de partager mon sentiment de déjà vu avec la saga des Resident Evil (les jeux vidéo, hein, faut pas pousser mamie dans les orties non plus). Pour beaucoup de joueurs, les quatre premiers jeux Resident Evil sont les meilleurs de la saga. Ensuite, ça part carrément en sucette. Ben là, je trouve que c’est tout pareil. Et le pire, c’est que les raisons en sont les mêmes. Le premier Alien est un film dont le scénario tient sur un papier mouchoir mais dont l’ambiance oppressante, dont la furtivité des apparitions de la bête et le charisme des protagonistes donnaient un thriller de l’espace des plus haletant. Dans les premiers Resident Evil, le scénario tenait sur un post-it mais l’ambiance étouffante, les apparitions angoissantes des ennemis et l’empathie qu’on éprouvait pour les héros accouchaient d’un survival horror des plus réussi. Et les deux sagas se sont perdues dans des explications farfelues sur une genèse dont on a que faire et ont perdu par là même leur essence : l’angoisse et la peur. Pas une fois je n’ai sursauté dans ce film. C’était un Alien, merde. La personne qui m’accompagnait me glisse qu’elle a jamais joué à Resident Evil et qu’elle voit pas ce que ça fout là. Je lui glisse qu’en posant sa main sur mon entrejambe, la séance m’aurait paru moins dure.


A la limite, il y a quelques passages que j’ai trouvé moins dégueulasses. Je note un effort sur l’allure du Covenant. Du coup c’est anachronique avec Prométhéus mais on retrouve un peu ce qu’était les vaisseaux dans les premiers opus : des gros trucs pas ergonomiques pour deux sous mais qui ont une gueule d’enfer. La personne qui m’accompagnait m’a fait remarquer que le vaisseau avait une forme de bite, je me suis demandé si ma stratégie portait finalement ses fruits ?


Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé les clins d’œil aux autres opus totalement grotesques et lourdingues. De toute façon, j’ai jamais supporté qu’un réalisateur face des références à ses propres œuvres. A l’instar de Kubrick dans Eyes Wide Shut, c’est souvent que le mec n’a plus rien d’intéressant à nous dire.
Je passe vite sur le fait que les membres de l’équipage fassent des équipes de un. Des équipes de un ! Sérieux ?! C’est couru d’avance que tout le monde va se faire déboiter ! Faites au moins l’effort d’opposer un minimum de résistance et d’intelligence, merde !
Et donc, j’en viens au point de non-retour pour moi: les membres de l’équipage sont tous nases à chier. Pas un pour rattraper l’autre. Que des idées à la con. Je ne sais pas si c’est un fait de l’écriture des persos ou du casting mais je trouve en particulier que l’héroïne a une tête pas possible. Elle a le nez de ma belle-mère et la coupe de Mireille Mathieu ! C’est pas sérieux !


Je n’ai jamais trouvé le personnage de Ripley d’une beauté folle mais c’était une putain de bad-ass, une héroïne comme on les aime ; courageuse, intrépide, franche, solide, d’un charisme tellement dingue que ça la rendait magnifique. Après, je dis pas qu’il faut mettre des Scarlett Johansson ou des Nathalie Portman dans tous les films, mais je sais pas, virez au moins son coiffeur ! Faites un truc !


Bref, pour moi ce film m’est passé complétement à côté. Et puis bon, tant qu’on y est, l’alien se fait empaler par un tractopelle, la mort la plus con de l’univers. La personne qui m’accompagnait m’a glissé que de toute façon j’étais chiant et que je n’aimais jamais rien. Je lui glisse que si elle m’avait sucé, on aurait perdu moins de temps.
Putain, tout fout le camp !


(retrouvez toutes mes critiques illustrées sur mon blog: https://papypixel.com/2017/06/08/alien-covenant/ )

villou
3
Écrit par

Créée

le 29 mai 2017

Critique lue 521 fois

11 j'aime

15 commentaires

villou

Écrit par

Critique lue 521 fois

11
15

D'autres avis sur Alien: Covenant

Alien: Covenant
Sergent_Pepper
5

Asperge le mytho

Le dédale nous égare : Ridley Scott, en retournant à ses premiers amours, ne nous en facilite pas nécessairement l’accès : retour du monstre, suite de son prequel, quête des origines, récit fondateur...

le 12 mai 2017

116 j'aime

27

Alien: Covenant
MatthieuS
5

Un projet qui aurait mieux fait d’être tué dans l’œuf

Alien Covenant est donc la continuité de Prometheus, film réalisé et produit par Ridley Scott en 2012. Cette suite, du nom d’Alien Covenant, est le dessin d’un projet. Ce projet est de rendre cette...

le 11 mai 2017

88 j'aime

34

Alien: Covenant
Behind_the_Mask
7

Mother fucker ?

Dis-moi, cher abonné, te souviens-tu ce que tu faisais en 2012, plus précisément le 30 mai ? Ah ah, j'étais sûr que tu allais dire ça. Allez, je te donne un indice pour te remettre en situation. Tu...

le 11 mai 2017

83 j'aime

22

Du même critique

Beignets de tomates vertes
villou
10

Me femme est fantastique

J'aime pas ce film. Je le trouve long, poussif, pas intéressant. Je trouve qu'il ne s'y passe rien, bref, un film assez inutile. Mais ma femme adore, c'est presque même un de ses films préféré...

le 3 mai 2012

165 j'aime

20

Minute papillon
villou
1

La réflexion à la portée des cons.

Dans la droite lignée de ce qu'on peut trouver de plus navrant sur le net, Minute Papillon s'inspire, voir repompe sans vergogne les standards des bestiaux qui font légion dans le genre (Norman,...

le 6 févr. 2013

114 j'aime

118

Armageddon
villou
8

du caca à la réglisse

Alors oui, ça a tout du gros caca : -visiblement, les Américains sont les seuls à se soucier de l'avenir de la terre, les Français préfèrent faire les cons dans une 2CV devant la tour Effeil...

le 10 déc. 2010

88 j'aime

27