Alien: Covenant par Pascoul Relléguic

Je suis allé le voir après qu'on m'ait dit que cette suite de Prometheus était pire que son ainé, incrédule quant à cette éventualité. Que je peux désormais démentir : en effet, j'ai beaucoup plus rigolé devant Alien Covenant. Attention aux spoils.

Les défauts du film sont légions : faible caractérisation des personnages noyés dans leur masse, difficultés à s'attacher émotionnellement (la mort du commandant dès le début laisse de marbre), comportements incohérents (on n'a jamais l'impression d'avoir affaire à des professionnels préparés à la navigation spatiale, dénués de tout protocole sauf celui d'envoyer le vaisseau colonie dans une tempête ionique... ce qu'ils feront quand même) et dignes des pires clichés des films d'horreur des 80's que tout le monde pourrait se faire dézinguer par Jason Voorhees que cela serait pareil ("je vais prendre une douche, toute seule, à l'autre bout de cet endroit hyper sordide", "séparons en groupes de 1", "tiens, si je suivais ce mec plus qu'inquiétant dans sa cave et que je regardais de très près comme il me le demande ce truc visqueux ", etc.), séquences horrifiques désamorcés par l'absurdité des situations (le comique de répétition quasi-slapstick de la glissade sur le sang, la meuf en flammes qui sort en hurlant d'un vaisseau qui a massivement explosé dans tous les sens durant 30 secondes, l'alien qui ménage son petit effet en attendant d'être vu avant de passer à l'attaque, le gars qui dit "laissez le respirer" quand ils sont à 5 sur un mec convulsant et gerbant des litres de sang, etc.), montage grossier lors de la baston d'androïdes pour préparer un twist évident, et final interminablement inutile qui n'est là que pour le fan service et tenter de nous faire passer Katherine Waterston pour Sigourney Weaver.

Cela dit, les gloumoutes sont bien foutues (même si leur croissance est trop boostée) tout comme les vaisseaux et les décors. On remarquera qu'un bébé alien a plus de mal à traverser un tee-shirt qu'une vitre (d'où ma proposition de remplacer toutes les vitres des vaisseaux par des tee-shirts). Et j'espère que la suite développera le concept de foeto-xénomorphe (alias "La bataille des embryons").

Maintenant, il faut reconnaitre que le film s'intéresse bien plus à ses androïdes et au rapport à la création (et au créateur) qu'aux aliens et à leurs victimes humaines qui ne sont là que pour illustrer le propos. On aurait presque pu virer les xénomorphes pour faire un film assumant totalement sa volonté d'explorer ses considérations métaphysique. Participant pleinement de cet aspect réussi de Alien Covenant, la prestation de Fassbender, sublime en golem sans affect lors de l'introduction. J'ai lu des avis très pertinents sur ce sous-texte du film, avec un lien aux références bibliques et aux élans érotiques frustrés qui rehaussent l'opinion sur le script. Le souci, c'est qu'à l'écran, tout cela est parasité par la tambouille bisseuse qui fait plus marrer que réfléchir.