En revenant à la mythique saga qu’il avait lui-même initiée en 1979, avec pour ambition d’apporter une toute nouvelle dimension (ainsi que des réponses que les fans se posaient depuis) à cet univers. C’est ainsi qu’est né Prometheus, une sorte d’Avatar plutôt dark qui signait le grand retour du réalisateur britannique dans la SF pour une œuvre visuellement somptueuse et à l’aspect métaphysique poussée (notamment en termes de croyances et de connaissances bibliques). Et puis, patatras ! Ce film tant attendu de l’année 2012 s’est avéré être un énorme pétard mouillé, décevant l’assistance par ses maladresses et son scénario incohérent au possible. Sans compter que les fameuses réponses attendues par le spectateur sont restées en suspens, dans l’espoir d’être traitées dans une éventuelle suite. Mais avec la persévérance de Ridley Scott de vouloir ressusciter la série et un score au box-office plutôt honorable (plus de 400 millions de dollars à travers le monde), voici que sort Prometheus 2 dans les salles. Ou plutôt Alien : Covenant, le chaînon manquant de la saga Alien ayant pour but de faire le lien entre le prequel et Le Huitième Passager. Et annonçant en grandes pompes le retour d’une des plus terrifiantes créatures du cinéma ! Une suite qui parvient à marquer le coup et faire oublier la déception de Prometheus ? Pas si sûr…


Il va être très difficile d’expliquer mon ressenti sur le film une fois arrivé au générique de fin, surtout au vue de la note que je lui accorde (parce que je suis fan d’Alien, je ne le cache pas !). Tout comme ce fut le cas avec Prometheus. Car au final, Alien : Covenant peut justement être vu comme Prometheus, avec des Aliens en plus. Tout simplement ! Et je ne parle pas du fait que cette suite poursuivre la continuité de son prédécesseur. Non, Covenant est exactement comme celui-ci question rendu final : un long-métrage pour le moins bancal, qui se rattrape sur des atouts d’envergure (son ambition scénaristique, le traitement de son univers, le respect de la saga initiale…) sans toutefois effacer des défauts majeurs (personnages, incohérences d’écritures, facilités grossières…). Bien entendu, nous allons voir cela petit-à-petit afin d’argumenter ces faits et à voir à quel point Alien : Covenant mérite d’être vu malgré ce que les plus réfractaires puissent en penser.


Commençons par le scénario. Dès le début, Covenant s’annonce comme une sorte de reboot d’Alien premier du nom. Effectivement, le film démarre sur le réveil de l’équipage d’un vaisseau qui va devoir dévier de son chemin après avoir capter une transmission inconnue, provenant d’une planète… également inconnue ! Et bien entendu, quand tout ce beau monde va se poser sur ce gros caillou, le cauchemar va pouvoir commencer ! En ce postulat, le spectateur y verra un vibrant hommage au film initial, dont Ridley Scott tente de remettre au goût du jour avec ce nouvel opus. Mais c’est également un sérieux manque de risque qui se remarquera aussitôt, Covenant reprenant sans aucune pudeur la trame scénaristique de ses aînés. Qui plus est, sans éviter des facilités d’écriture ahurissantes (le fait qu’un Alien soit, à la fin, à bord du Covenant), des invraisemblances grotesques (débarquer sur la planète sans scaphandre malgré une bonne analyse de l’atmosphère) et des personnages certes bien interprétés mais pour la plupart aussi anecdotiques que l’équipe de Prometheus, ne servant que de chair à canon. Pourtant, malgré cela, Alien : Covenant va réussir à captiver grâce à ce qu’il reprend de son prédécesseur. À savoir une symbolique biblique très forte reprenant l’éternel questionnement de la créature face à son créateur (représenté ici par le personnage de David et l’origine du Xénomorphe) qui offre au long-métrage un niveau de lecture intrigant et élégant. Voire même profond et poétique dans la plupart de ses séquences, comme cette sublime introduction à la 2001 : l’Odyssée de l’espace ou encore ce face-à-face entre les synthétiques Walter et David (joués tous les deux par un très bon Michael Fassbender). Et rien qu’avec cela, en plus d’apporter (enfin !!) des réponses que devait fournir Prometheus (mais en posant tout de même de nouvelles interrogations), Alien : Covenant parvient à captiver malgré ses grosses maladresses d’écriture.


Son côté bancal, le long-métrage le révèle aussi au niveau de son ambiance. S’il reprend à merveille l’aspect mystérieux, mystique et sombre de Prometheus, pour ce qui est du côté Alien, c’est malheureusement une toute autre histoire. Même si le film fait appel à l’inoubliable créature (qu’il est toujours aussi jouissif de voir à l’écran) et retrouve un gore pour le moins délectable, tout en réunissant les compositions musicales des autres films de manière convaincante (les thèmes d’Alien et de Prometheus), il ne parvient néanmoins pas à remplir ses promesses. Il faut tout de même préciser que Covenant se montre bien meilleur que Prometheus, et ce par le biais d’un rythme et d’une tension plus maîtrisée, nous prodiguant des séquences bien plus épiques (l’héroïne suspendue au treuil d’un vaisseau en pleine perte de contrôle) et un sens du suspense et du spectacle tenant la distance. Pour cela, un grand merci à Ridley Scott qui, du haut de ses 80 ans, arrive encore à tenir le cap en matière de prouesses de réalisation. Mais là où le bât blesse, c’est dans cette peur si longtemps annoncée par le cinéaste, nous promettant le film le plus terrifiant qui soit… pour finalement ne jamais parvenir à nous faire frissonner comme nous l’espérions. La faute revenant principalement à une trop grande place pour le gore, mais aussi à des Aliens (les Néomorphes et l’inévitable Xénomorphe) beaucoup trop visibles à l’écran (comme en témoigne la chasse à l’Alien dans le vaisseau Covenant) et ridiculisés par des effets numériques – mauvais jeux de mots – beaucoup trop baveux (rendez nous les animatroniques et marionnettes !!!). Au lieu d’insister sur le hors-champ et la peur de l’inconnu, Scott se lâche dans le contemplatif. Et si cela peut se montrer grandement efficace, cela fait tout de même pâle figure face au tout premier Alien.


Vous l’aurez compris, Alien : Covenant n’est pas le renouveau de la franchise. Ni la terreur tant promise par Ridley Scott et la majorité de son équipe (même Michael Fassbender avait fait une déclaration à ce sujet). Il en décevra sans doute plus d'un, comme ce fut le cas avec Prometheus. Mais même après avoir poussé un petit « mouais… » en sortant de la salle, j’ai envie de défendre ce long-métrage comme son prédécesseur. De mettre en valeur le fait que Ridley Scott est un artiste né et le prouve, une fois encore, avec la direction artistique de ce film. Que le scénario révèle bon nombre de profondeurs symboliques et métaphysiques bougrement intéressantes. Que le rythme est bien mieux gérer qu’auparavant. Et, surtout, que c’est toujours aussi bon de voir le Xénomorphe passer à l’action (même si le visuel laisse à désirer). Rien que pour ça, pour la jouissance que m’a procuré ce film, je ne peux que lui attribuer cette note. Subjective, j’en conviens… Mais j’assume ! Espérons tout de même que Scott saura relever le niveau avec un nouvel opus déjà annoncé. Quoique que sur ce point, je peux rejoindre beaucoup de gens en proclamant qu’il ferait mieux de ne pas aller plus loin…

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le 10 mai 2017

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