Comme chacun sait, Alien : Covenant était confronté avant sa sortie à deux problèmes majeurs : le premier, répondre aux nombreuses questions laissées en suspens par le déconcertant à plus d'un niveau Prometheus ; le second, satisfaire des cohortes entières de fans avides de revoir des Xénomorphes et autres saloperies bien Gigeriennes en action dans un film Rated R en bonne et due forme.


Alors, le 6ème film de la saga initiée par le père Ridley Scott (et troisième à être réalisé par ce dernier) se montre-t-il à la hauteur des attentes ? Plus ou moins.


Premier bémol : beaucoup de films actuels, si prometteurs fussent-ils, se voient obligés de passer par la case "recut" et fatalement par celle du Director's Cut, même si cela doit impliquer pour la version cinéma un montage barbare, elliptique et avec beaucoup de cassures de rythmes. Et hélas, Alien : Covenant ne déroge pas à la règle. Ainsi a-t-on droit, après une scène d'ouverture plutôt intéressante où le vieillissement de Guy Pearce s'avère plus réussi et moins ridicule que dans Prometheus (y'a du progrès, Riri), a un premier acte inutilement long, bavard et procédurier, qui aurait mérité quelques coupes à certains endroits (la scène où le personnage de Billy Crudup se plaint de "l'insubordination" de son équipage était à mon sens tout sauf nécessaire) quand d'autres auraient pu être un peu plus éclaircis :


Pourquoi diable foutre James Franco au casting de ce film si c'était pour le jarter avant même le début de l'aventure ? Bref, passons...


Chemin faisant, on en vient donc à atterrir sur une énième planète bien plus dangereuse qu'il n'y parait, dans ce qui semble être la meilleure partie du film. Non seulement l'arrivée sur les lieux est très réussie grâce à une ambiance et un cadre bien maîtrisés (les impressionnants décors déjà utilisés dans certaines scènes de Prometheus y sont aussi sans doute pour quelque chose), mais bon sang, quel plaisir d'avoir droit à une équipe pro et fonctionnelle après s'être coltiné les crétins en roue libre du précédent opus ! Mention spéciale à Demian Bichir et Carmen Ejogo qui jouent un chef de la sécurité et une biologiste assez crédibles.


Vient alors la première véritable scène d'horreur du film... et avec elle les complications. Non pas que celle-ci ne soit pas réussie, bien au contraire, le suspens, la panique foutrement bien gérés et le jeu d'acteur permettent d'y croire. Par contre, comme pour Prometheus, les quelques "nouveautés" apportées avec elle risquent de ne pas mettre tout le monde d'accord. Je vous le donne en mille :


Des proto-Xénomorphes albinos qui parasitent l'organisme humain via une espèce de pollen noir extraterrestre, et sortent de celui-ci en faisant exploser... tenez-vous bien... La colonne vertébrale de leur hôte ! Ah quelle nouveauté, vraiment !


Là-dessus donc s'ouvre le deuxième acte du film, qui pèche autant par simplifications scénaristiques que par de nouveaux questionnements auxquels on n'aura bien évidemment pas plus de réponses qu'avant. Démonstration :


Cette planète était en fait celle des Ingénieurs, OK... mais pourquoi David a-t-il lâché le pathogène noir qui les a tous tués en guise de cadeau de bienvenue ?
Ah bon, Shaw n'est pas morte dans le crash du vaisseau et apparemment David l'aurait disséquée pour ses expériences, alors qu'il disait l'aimer plus que tout ?? Quézako ?
Mais ? Comment David a-t-il pu créer de parfaits œufs d'Alien sans reine pour les pondre?


Réponse :


SURYOUTUBEOULEDIRECTOR'SCUTMAISPASDANSLEFILMCONNARD!!!


Sans compter l'éclosion de Chestburster la plus risible de la saga, autant ratée dans sa mise en scène que dans son rendu en CGI parfaitement immonde.


Dommage, parce que la suite est foutrement prenante : baston entre gentil et méchant robot (yes, prends-toi ça connard !), Facehugger arraché in-extremis du visage de son hôte (une première), séquence de haute voltige pour échapper à un Xénomorphe particulièrement agile et agressif (qui finit broyé dans une pelleteuse à notre plus grand soulagement)... On en redemande.


Hélas (encore), l'acte suivant, et dernier, ne s'avère qu'une resucée grossière et exempte de toute prise de risques où Ridley, à cours d'inspiration, passe le relais à son pote James Cameron et prive ainsi les spectateurs de la moindre surprise, jusqu'à un twist final dont on se délecte bien qu'on l'ait vu venir à 100 mètres.


Conclusion


Alien : Covenant est bancal et ne satisfera pas les attentes de tous, toutefois il s’avère loin d’être inintéressant par les thèmes qu’il aborde, son ambiance, sa réalisation et quelques moments de bravoure dont on se contentera faute de mieux. On est loin, très loin du niveau des premiers épisodes, mais il y a tout de même du progrès depuis Prometheus. On attend également beaucoup d’une version longue.

reastweent
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le 11 mai 2017

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reastweent

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