avr 2012:

J'ai dit qu'Alien3 était un Alien "rouille". On retrouve sur celui-là la même teinte orangée, ce métallisme rongé. Jean-Pierre Jeunet aime beaucoup la photographie cuivrée, verdâtre et/ou jaunâtre, leitmotiv visuel qui s'accompagne d'une lumière fréquemment assez sombre dans sa filmographie. Sur ce film-là aussi, j'ai comme l'impression que l'image n'est pas aussi éclairée qu'elle pourrait l'être. Impression sans grande importance, il est vrai. Passons, d'autant plus que c'est peut-être un ressenti tout à fait à côté de la plaque.

Reste que la photo est très travaillée, c'est un fait indéniable. Sans doute les maquillages également : le clone Ripley, mi-femme, mi-alien, offre la vision un peu cadavérique d'un grain de peau très pâle et suintant, avec des traits nettement appuyés. De fait, ce personnage redevient intéressant, car bipolaire, à la fois encore touchée par ses réminiscences du passé et reliée charnellement aux extra-terrestres. Cette ambiguïté n'est pas très franche. Néanmoins, elle existe un tant soit peu pour faire souffrir l'instinct maternel de Ripley, ajoutant de l'émotion à l'horreur naturelle des monstres.

Par conséquent, ces aliens ne sont plus vraiment des êtres "à part", à la cruauté systématique et insensée, mais ils deviennent des êtres doués de raison autant que d'affect. Tout devient possible, car plus complexe, et donc plus fascinant.

Bizarrement, le scénario ménage des espaces de détente avec une outrance particulièrement gore dans les scènes horrifiques qui créent un contraste pas évident à faire coïncider avec l'aspect affectif et compliqué. Cela ne me dérange pas trop, mais je m'interroge sur la portée de cet humour presque grotesque, hommage au cinéma bis ou à la bédé? Quoiqu'il en soit, une certaine forme d'humour est bel et bien là pour déstabilisant que cela soit et colore un peu le film, le distinguant fortement de ses devanciers beaucoup plus graves et sombres. Cette variation dans les tons n'est au final pas pour me déplaire.

Je préfère davantage cet opus aux n°2 et 3, esthétiquement parlant et sans doute également dans l'approche outrancière de la mise en scène de Jeunet, même si je reconnais qu'il y ait matière à rouspéter pour les aficionados de la série. De toutes les manières aucun épisode n'arrive à la cheville du film de Scott.
Alligator
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le 20 avr. 2013

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