La notoriété du film tient plus à l'ambition de son sujet qu'à son résultat

Moi qui n'aime pas les films à messages, j'ai été servi. L'intention du réalisateur était globalement (je dis bien globalement) intéressante, mais elle ne sert à rien, un raciste va-t-il cesser de l'être après avoir vu ce film, bien sûr que non ! Voyons ça de plus près, côté positif : la réalisation est techniquement correcte, même si les aspects clipesques peuvent agacer, Edouard Norton nous fait une prestation extraordinaire et puis le réalisateur a le cran de montrer que le racisme n'est pas l'apanage des blancs. Le gros défaut est d'ordre narratif : Déjà en assimilant le racisme à la mouvance néo-nazi, le réalisateur choisit la difficulté,  on peut très bien être raciste et ne rien avoir avec les nazis ! Mais surtout ce choix rend le retournement de veste de Norton encore plus incroyable. Comment croire à une telle conversion aussi rapide et aussi radicale ? On a vu des gens ayant des idées nauséabondes, mettre comme on dit de l'eau dans leur vin en prenant de l'âge ou suite à certaines circonstances, mais changer à ce point, non ! Alors que fallait-il faire? Ellipser les scènes de prisons, montrer simplement que le séjour en prison l'avait changé sans entrer dans le détail ? Mais là encore ça tique : la prison comme lieu de rédemption, ce n'est pas une très bonne idée ! Alors je sais certains vont nous raconter qu'après avoir vu le film de plus près on découvrira que Norton est d'abord un être fragile et patati et patata, tant mieux pour ceux qui l'ont vu comme ça, mais si moi je n'ai pas vu, ce n'est pas de mon fait mais de celui du réal qui n'a pas sur mettre en évidence ce genre de choses. Faut il parler aussi de la conversion du frangin, aussi elliptique qu'incompréhensible ? Et puis il y a autre chose sans doute plus grave, c'est ce flash-back avec le papa, celui-ci raciste dans l'âme après avoir sorti quelques conneries s'en prend au concept de discrimination positive. Qu'on m'explique en quoi la critique des effets pervers de la discrimination positive serait du racisme et favoriserait le rapprochement avec les idées nazis ! Enfin au titre des incongruités, pourquoi à la fin aller se rendre à un meeting de tarés pour leur expliquer qu'on a changé de point de vue ? Ce n'était pas plus simple de prendre sa bagnole et de foutre le camp ? Tout cela est souvent simpliste, bavard, d'un didactisme lourd, et naïf. La notoriété du film tient plus à l'ambition de son sujet qu'à son résultat… parce que deux heures pour nous expliquer maladroitement que le racisme ce n'est pas bien et la haine non plus….

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le 4 mars 2020

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estonius

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