American Honey fait partie des rares films qui nous emportent dès sa première scène jusqu’à sa dernière. Pendant ces 2h40, on reste bouche bée devant la beauté des scènes qui défilent sous nos yeux transpirants d’émotions. On a cette impression de partager une expérience unique, entre le spectateur et les personnages du film, comme si on était avec eux, dans la camionnette à chanter et danser, et ça, c’est l’expérience de la vie. Car American Honey est tout simplement un film sur la vie. Vainqueur du prix du jury cette année à Cannes, le film retrace la vie d’un groupe de jeunes qui sillonne les USA en vendant des magazines. On suit le parcours d’une fille de 18 ans du nom Star, qui vient de se faire enrôler par un certain Shia Labeouf sur un parking.


A partir de cette instant précis, le film nous embarque dans un road movie, parcourant les Etats Unis. Andrea Arnold se concentre sur la quasi totalité du film, à travers le personnage de Star, filmée en gros plan, caméra à l’épaule dans le format 1 :33. La réalisatrice filme avant tout une jeunesse américaine anti capitaliste. Tel un Larry Cark ou un Gus Van Sant, on suit les déboires de ces jeunes, que ça soit sexe, drogue et musique. Andrea Arnold dépeint la jeunesse américaine sous l’air Obama, elle arrête le temps et arrive à capturer des instants uniques, sans artifices, presque naturel tant le jeu des acteurs parait si naturel, qu’on s’y croirait vraiment. American Honey est ponctué de scènes musicales où le groupe de jeunes commence à chanter et danser sur une musique. La caméra capture ces moments simples et banales, pourtant d’une rare beauté, tant la caméra va magnifier ces instants éphémères mais gravés à jamais dans leurs mémoires. Ces instants filmés rappellent le cinéma de Richard Linklater qui comme pour American Honey, ne filme pas l’histoire d’un groupe de jeunes mais la vie d’un groupe de jeunes sans trame apparente.


Après avoir filmé les brefs moments de la vie de ses jeunes, Andrea Arnold se concentre sur l’histoire d’amour qui se manifeste dès la première scène entre, Star interprétée par l’extraordinaire Sacha Lane, et Jake ce jeune homme têtu et rebelle interprété par l’hallucinant Shia Labeouf, qui est immense dans ce rôle. Il arrive avec une telle simplicité à faire ressortir, ce qu’il a de plus profond enfui en lui avec une telle aisance, une telle rage, qu’on reste ébahi devant la qualité du jeu d’acteur. En effet, de film en film Shia Labeouf prouve un talent indéniable et devient petit à petit un des meilleurs acteurs de sa génération. Sacha Lane tient ici son premier rôle et arrive à porter sans aucune difficulté un film de 2h40, alors qu’elle est sur pratiquement tous les plans. Elle crève littéralement l’écran. D’une beauté savoureuse, sublimée par la caméra d’Andrea Arnold. Les scènes entre ces deux protagonistes sont à l’image du film, elles sont d’une beauté rarissime, unique et simple. Enormément d’émotion se dégagent du couple qui sont d’ailleurs ensemble dans la vie depuis le tournage. Ce genre de scènes provoque beaucoup d’émoi qui, plusieurs heures après la séance, nous fait ressentir ce sentiment infini d’avoir assisté à des moments intemporels magnifiques.


Le dernier personnage que la réalisatrice de Fish Tank filme reste le plus iconique, ce n’est d’autre que les Etats Unis. Ce pays aux grandes plaines qui s’étendent à perte de vue lors d’un soleil couchant, on aperçoit au loin des puits de pétroles en contre-jour, on se sent tout petit face à l’immensité des villes, des buildings et des vastes paysages. Andrea Arnold dépeint ce pays qui lui est inconnu dans un format réduit en 1 :33, filmé en lumière naturelle, tout en nous délivrant son propre rêve américain avec peu de moyen certes mais d’une honnêteté et d’une simplicité bouleversante.

Lucas_Renaudot
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le 23 mai 2016

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