James Sendin Vs. The World

Le premier film de James DeMonaco, l’abominable Staten Island, était une réelle catastrophe, une tentative ratée de faire une comédie décalée sur des petites frappes.

Son film sophomore, American Nightmare, part d’une idée tout aussi intéressante, avec un concept qui peut être particulièrement intéressant s’il est bien traité. Au lieu d’aller dans le spectaculaire et dans l’outrance, James DeMonaco prend le parti pris très intelligent de poser son film dans une résidence de gens aisés et d’en faire un home invasion movie, bien plus vicieux que le loupé Effraction. En effet, American Nightmare est vendu comme un film d’horreur un peu bourrin alors que c’est une véritable critique de l’Amérique de la NRA à laquelle on assiste. Et quand bien même on ne serait pas réceptifs à ce message politique, le film est quand même sacrément efficace. Si la première partie du film, l’exposition et le calme relatif avant la tempête traîne un peu en longueur, la seconde partie du film est un modèle d’angoisse. Tout ce qu’il faut faire dans un film d’horreur se retrouve donc dans la partie Home Invasion, qui oscille entre le grinçant et le purement jouissif (la grosse baston dans la salle de jeu des Sandin est exceptionnelle), grâce à d’excellents acteurs comme Rhys Wakefield ou la sacrément flippante Alicia Vela-Bailey. Le film s’offre même un troisième acte à la limite de la comédie noire (qui pêche un petit peu par excès de coolitude, en témoigne le one-liner de Lena Headey, qui ne colle pas vraiment avec le propos du film, mais qui reste quand même une scène mémorable). Les acteurs sont justement parfaits, Lena Headey, Ethan Hawke, Chris Mulkey et Edwin Hodge et surtout Arija Bareikis particulièrement.

American Nightmare est un film très subversif, très angoissant, parfois drôle, souvent pertinent qui finit de nous convaincre que pour faire un film de croquemitaine, le plus efficace, c’est qu’il soit Humain.