Les films d’horreur et les films fantastiques se font souvent l’écho des maux de notre société comme l’attestent les films de zombies par exemple, dont les mort-vivants étaient symptomatiques d’une société devenue celle de la consommation ou encore les films des vampires des années 80 qui pouvaient être mis en parallèle avec l’épidémie de SIDA. « American Nightmare » premier du nom partait d’un postulat imparable et totalement génial qui voyait un gouvernement américain instaurer une journée de purge pour évacuer toute la violence d’une société. Avec l’actualité, entre attentats, violences racistes et gouvernement républicain extrémiste, le long-métrage se pose là… Pour le grand écran, la Purge était une proposition radicale qui offrait de nombreuses perspectives cinématographiques. Malheureusement dans l’ensemble de la saga, les films se tournaient davantage vers la série B pêchue et violente que vers le pamphlet politique, même si le contexte était toujours bien présent. Du coup, toujours une petite impression de gâchis sur le versant sociétal qui se rattrapait sur l’aspect suspense et épouvante. En huis-clos comme dans le premier, dans un Los Angeles moribond dans le second (le meilleur de la série) et avec en toile de fond des élections dans la troisième. Ici, on revient aux origines de la Purge pour ce quatrième volet qui voit l’avènement de cette loi par un test grandeur nature sur l’île de Staten Island.
La première demi-heure est efficace montrant (brièvement) les raisons qui ont amené les Nouveaux Pères Fondateurs au pouvoir et l’arrivée de cette loi radicale dans la vie des américains. La puissance du postulat et ses potentialités sont énormes mais « American Nightmare 4 » délaisse bien trop vite cet aspect pour se focaliser, à l’instar des autres épisodes, sur la série B. D’ailleurs, à la fin on n’a même pas droit à un bilan politique de cette Purge originale, le générique arrivant directement une fois celle-ci terminée. Et nous revoilà partis pour un mélange de chasses à l’homme, de manipulations et de meurtres bien violents pour satisfaire un public jeune et avide de sang et de frissons au rabais. C’est encore plus marquant dans ce quatrième volet et ça devient surtout rengaine à tel point qu’on a la désagréable impression d’un gâchis sans nom et d’une saga qui ne sait pas se renouveler, préférant réitérer ce qui a fait le succès des précédents en moins bien, malgré quelques petites idées nouvelles comme le paiement d’un dédommagement pour ceux restant sur l’île. Une mesure prompte à attirer les classes pauvres. D’ailleurs noirs contre blancs, riche contre pauvres, la saga n’a jamais été aussi manichéenne que dans cet épisode.
Du coup, on attend patiemment la fin du moins bon film de la série qui tire parfois vers le bis de vidéo-clubs. Les acteurs ne jouent pas très bien, leurs personnages n’ont aucun charisme ni profondeur (Frank Grillo laisse un gros blanc) et la réalisation copie bêtement celle de James DeMonaco, réalisateur des trois premiers volets. Il y a certes quelques fulgurances visuelles, quelques bonnes mises à mort, mais rien de transcendant ni de révolutionnaire au regard de ce qui a déjà été fait dans la saga. Pire, le personnage le plus intéressant du film, joué par Marisa Tomei, est évacué sans plus de précisions. « American Nightmare 4 » en devient limite une caricature de la saga et prouve que son seul but d’exister est mercantile. Ce nouvel opus bride l’incroyable potentiel d’un sujet éminemment actuel avec l’arrivée de Trump au pouvoir et de ses débordements réactionnaires. Même si l’Amérique peut se regarder dans le miroir avec ce genre de film, on en vient à se demander ce qu’un cinéaste comme Oliver Stone ferait d’un tel sujet en or. Las, on assiste à un mélange de traque, de slasher et thriller qui essaye de se justifier avec un propos passionnant mais de plus en plus accessoire.
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