C'est Beau. D'accord. C'est original, tant dans le visuel, que l'audio, que l'histoire. Anomalisa c'est une rencontre entre un homme connu et une jeune femme un peu simple et très timide dans un hôtel. L'homme n'aime pas sa vie, il la trouve trop banale, évidement, il tombe amoureux de la fille la plus banale. Ce film est une critique contre la routine, il décrit ce besoin de la présence d'anomalies dans le quotidien de nos vies.
Charlie Kaufman et Duke Johnson utilisent les moyens de la comédie dramatique pour rendre leur critique plus percutante. Cela fonctionne au début, mais plus le film avance, plus cela se fait au détriment du rythme de l'histoire.
En effet, Charlie Kaufman semble emprunter certains plans à Michel Gondry pour lequel il a écrit Eternal Sunshine, et d'autres plan au Lost in translation de Sophia Coppola. Anomalisa pourrait tout à fait prendre le titre de Lost in banality... Néanmoins il intéressant de remarquer les quelques gros plans sur ces marionnettes, qui perdent alors l'aspect humain qu'elles ont en plan large, mais font gagner au film un aspect plus onirique, plus proche du conte philosophique.
Le problème qui semble s’être posé, vient au niveau de l’adaptation. Le film est tiré d'une pièce de théâtre dont les acteurs n’interprétaient qu'oralement leurs textes. Ainsi pour rester fidèle et apporter un sens plus symbolique il n'y a que "trois voix" ( mais surtout trois doubleurs) tout le long du film. L'homme connu, Michael Stone est doublé par David Thewlis ; sa rencontre, Lisa est doublée par Jenifer Jason Leigh alors que toutes les autres voix (hommes, femmes, enfants) sont doublées par Tom Noonan qui ne change pas particulièrement sa voix pour chaque personnage. Cela m'a personnellement fait sortir du film plus d'une fois. Même s'il est vrai, cela renforce l'uniformité de ce monde dans lequel Michael Stone erre.
Certaines séquences comme la partie de jambes en l'air, la convocation dans le bureau, ou la conférence peuvent gêner le spectateur. En soit, cela n'est pas mauvais, il faut parfois gêner le spectateur. Or, ce sont des scènes le plus souvent dramatiques sur la folie et les passions d'un homme, dialoguées sur un ton comique. Le film se perd, il n'est pas vraiment une comédie, pas vraiment un drame, mais le mélange des deux qui est maladroit le plus souvent.


Un film en stop motion qu'il est difficile de comprendre non pas par son aspect élitiste mais par l'attente qu'il amène chez le spectateur. Les longues séquences s’enchaînent, à un faible rythme, sans ne jamais amener de réponses. Même la musique renforce l'ambiance irrationnelle du monde sans amener de dynamisme. Au final le spectateur est perdu comme Michael Stone sans n'avoir rien demandé. Il a assisté à la journée de la vie d'un homme. Que s'est il passé avant, après ? On s'en doute, sans en être vraiment sûr. Kaufman et Johnson se sont portés sur cette soirée, or celle-ci n'est pas assez intéressante pour être racontée sans ennuyer le spectateur. Cependant, pour finir sur une note positive, le fait que Kaufman et Johnson viennent chercher un publique tout à fait adulte et mature avec le stop motion est assez important pour le souligner.
Un conte de marionnettes pour adultes, un peu long, un voyage au cœur du quotidien que l'on connait déjà ou les clichés de la folie (rêves, ennui, alcool, sexe, etc) sont pleinement exploités.

Echaper
6
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le 21 janv. 2016

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Echaper

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