Après une préproduction pour le moins troublante, c’est Peyton Reed qui finalise ce projet, vieux de plusieurs années déjà. Assez méconnu, il se détache tout de même une certaine popularité dans deux œuvres essentiellement portées sur la comédie (Bye Bye Love, Yes Man). Et on ne s’éloigne pas de la vérité, car oui, « Ant-Man » est inconsciemment une comédie avec comme support l’univers de super-héros.
On part alors d’une, plus ou moins, double origin story de l’homme-fourmi. Le Docteur Hank Pym, campé par un Michael Douglas satisfaisant, est à la fois un clin d’œil pour fan qu’une fraicheur supplémentaire dans la phase 2. Il fallait ainsi conclure et mener une bonne transition avec la phase suivante, car la réception du second volet des Avengers fut assez sèche. Sur ce point, le film fait son boulot mais c’est de nouveau à double tranchant.
D’une part, l’approche fait tout pour apaiser le spectateur. On insère enfin des ponts avec les autres Vengeurs. On ne l’attendait presque plus mais il est indéniable que les univers doivent à présent se confondre afin de mieux cerner les relations qui sont susceptibles d’exister. L’intrigue se repose alors sur des clichés dont la recette devient fade à force d’y avoir goûté. Il suffit de constater le background dès les premières minutes, introduisant les héros que sont Scott Lang (Paul Rudd), Hope Van Dyne (Evangeline Lilly) et le méchant Yellowjacket (Corey Stoll), où lorsque l’on prend le recul nécessaire on reste aisément sceptique. On évite de prendre des risques et on place l’humour comme barrière face au scénario fébrile et sans attache, tout comme ces personnages. On y trouve tout de même son compte car on ne perd pas ses repères et on se laisse tenter par l’expérience du minuscule en large et en travers.
Heureusement pour nous, le visuel est appréciable, bien que transgressif envers les lois physiques. Sauf qu’en passant outre cette remarque, des incohérences subsistent dans l’exploitation des pouvoirs de miniaturisation. La conservation des masses et le « changement de matière » en passant ne sont là que pour divertir, ni plus ni moins à la sauce Hollywoodienne. Evidemment, le secret derrière tout cela semble vouloir se camoufler sous une science un peu décalée. Soit. Prenons ce qu’il y a à prendre et laissons le fond se rattacher à l’avenir.
« Ant-Man » est de nouveau l’exemple type d’une transition, ne proposant pas plus qu’un descriptif de nouveaux héros, alors que son potentiel est ailleurs. Sans doute une retenue dans ce premier film où il se laissera prendre un malin plaisir à s’exploser par la suite. Espérons que ce sacrifice aura le mérite de voir naître ce second souffle, peu attendu mais loin d’être inintéressant.