Après ses élucubrations martiennes de «Contact», Robert Zemeckis plonge Michelle Pfeiffer et Harrison Ford dans un thriller hitchcockien.

Un jour ou l'autre, tout cinéaste américain qui se respecte se doit de rendre hommage au grand Alfred Hitchcock. Zemeckis le fait de manière un peu lourde en insistant trop sur certaines images et en oubliant un peu le scénario.
Norman Spencer (Harrison Ford) et sa femme Claire (Michelle Pfeiffer) habitent une somptueuse maison dans le Vermont aux abords d'un lac. Depuis que sa fille est entrée à l'internat, Claire passe ses journées seule chez elle. Elle remarque des phénomènes étranges: le cadre d'une photo se casse sans raisons apparentes, elle croit entendre des murmures et la salle de bain semble occupée par une présence. Remarquant la longue absence de la femme du couple habitant la maison d'en face, Claire s'imagine que cette dernière a été tuée par son mari et que son fantôme vient la hanter pour se venger.
On ne va pas en dire plus, car le scénario repose sur une série de coups de théâtre qui finissent par amener le spectateur à toute la vérité sur cet étrange esprit hantant. Intéressons-nous plutôt à la forme. Zemeckis penche d'emblée pour une mise en scène sobre, laissant la vedette aux comédiens. Il commence par cadrer assez large pour installer le décor, puis, dès que les événements se précisent, il ressert son objectif sur le visage de plus en plus inquiet de Michelle Pfeiffer. C'est d'ailleurs à travers elle que le spectateur doit s'identifier en tant que victime. Sans en faire trop, la Catwoman de Burton compose un personnage horriblement banal et classique du cinéma hollywoodien: une femme aisée confrontée à la pire des situations. Et ce n'est pas le seul thème hitchcockien du film. L'autre réside dans l'insistance que Zemeckis a de filmer sa salle de bain. C'est là que le fantôme se manifeste franchement en se matérialisant sous forme de buée. On ne peut malheureusement pas s'empêcher de penser à la fameuse scène de la chambre 237 de «Shining» de Stanley Kubrick tant le papa de «Forrest Gump» utilise le même angle et la même vitesse pour s'approcher de la baignoire. Il a y aussi du «Fenêtre sur cour» quand Claire épie ses voisins à l'aide de jumelles. Mais la référence la plus évidente est matérialisée dans un plan rappelant immanquablement «Psycho» où Michelle Pfeiffer s'agrippe à son rideau de douche sur une musique d'Alan Silvestri qui intègre le célèbre thème de Bernard Herrman.
Tous ces «hommages» peuvent agacer le cinéphile tout en réjouissant le jeune spectateur vierge des image de l'inimitable Alfred Hitchcock. Au final, «Apparence» se laisse voir comme un thriller de luxe d'aujourd'hui, largement inspiré du passé.
RemyD
4
Écrit par

Créée

le 16 oct. 2010

Critique lue 3.6K fois

2 j'aime

2 commentaires

RemyD

Écrit par

Critique lue 3.6K fois

2
2

D'autres avis sur Apparences

Apparences
cinemusic
7

Soupçons....

Le docteur Norman Spencer (Harrison Ford) et sa femme Claire (Michelle Pfeiffer) forment un couple sans histoire. Mais depuis le départ de leur fille, leur maison voit ses portes s'ouvrir toutes...

le 17 nov. 2022

7 j'aime

10

Apparences
Fatpooper
8

Quand Zemeckis fait rimer terreur avec Pfeiffer

Les films qui se terminent sur une révélation finale, un twist inattendu, font partie des plus délicats à écrire et mettre en scène. Le problème qui se pose, est de pouvoir nourrir suffisamment le...

le 28 mai 2014

6 j'aime

8

Apparences
ADN-Trinity
8

Au-Delà des apparences

"Apparences" est un exercice de style, que "Zemeckis"assume parfaitement comme un thriller hitchcockien modernisé, sous forme d'hommage à la sauce technologique moderne. Mais c'est sans aucun doute...

le 16 mars 2023

5 j'aime

Du même critique

À tombeau ouvert
RemyD
10

Calvaire nocturne d'un ambulancier new-yorkais

Scorsese retrouve son scénariste de Taxi Driver, Raging Bull et La Dernière Tentation du Christ, le calviniste Paul Schrader et offre à Nicolas Cage un rôle plus christique que jamais.En français,...

le 26 juil. 2022

35 j'aime

Sailor & Lula
RemyD
10

Seuls contre tous

David Lynch revisite le Magicien d'Oz, vu par les yeux d'un couple d'enfants devenus trop vite adultes par la brutalité du monde qui les entoure. Mai 1990, Bernardo Bertolucci, président du Jury du...

le 11 oct. 2010

32 j'aime

1

World Invasion : Battle Los Angeles
RemyD
1

Hollywood: boîte de prod pour l'armée américaine

Avec cet énième film d'invasion de vilains extraterrestres belliqueux, on constate amèrement qu'Hollywood fait toujours office de boîte de production pour l'armée américaine. Cette très longue...

le 15 mars 2011

28 j'aime

4