Aquarius nous raconte l’histoire de cette femme seule et déterminée qui va devoir se battre contre plus grand qu’elle. David contre Goliath. Un thème battu et rebattu depuis les débuts du cinéma. Mais le film de Kleber Mendonça Filho n’utilise cette lutte qu’en toile de fond. Ce qui l’intéresse vraiment, c’est de raconter cette femme, Clara. Pourquoi est-elle si déterminée ? Qu’est ce qui fait d’elle une femme si forte ? Le film vogue donc dans sa vie à la recherche de réponses à ces questions. On voyage de scène en scène presque à la manière d’un film à sketches, et pourtant chacune d’entre elles finit par trouver une cohérence et par nous apprendre quelque chose sur le personnage joué par une Sonia Braga impériale.
Le plus grand tour de force du film, finalement, c’est de ne jamais ennuyer, malgré son histoire si banale. On se délecte de chacun des dialogues finement ciselés, de chacune des expressions de Carla, de chaque chose venant troubler sa vie calme et paisible. Le réalisateur sait parfaitement balancer son film entre joies et peines, et surtout instille délicatement un malaise et une tension, par le cadrage et la lumière très travaillée. Des petits détails viennent ça et là s’ajouter, de manière presque imperceptible, jusqu’à ce que le malaise devienne palpable et que l’on se rende compte lors de la scène finale à quel point l’on est stressé pour elle. La subtilité est d’ailleurs une des plus grandes qualités du film : le film est rempli de métaphores et d’ellipses, et Kleber Mendonça Filho croit tellement à la force évocatrice de son image qu’il ne perd jamais de temps à les sur-illustrer ou à les faire expliquer.
Mais Clara est aussi une ancienne journaliste musicale. Et c’est la musique qui rythmera ses émotions ainsi que celles des personnages alentours. La majorité du film est silencieux, le réalisateur préférant conserver la musique pour des moments de bonheur, de fête. Ainsi, chaque moment musical devient synonyme de joie, de soulagement, malgré tout ce qui a pu le précéder. Une manière de dire que la vie reprend toujours ses droits. Quel dommage alors que les chansons en portugais n’aient pas été sous-titrées, car au delà de la force de la musique, j’ai cru comprendre parfois un parrallèle entre les paroles et les scènes vécues.
Un film Brésilien de près de 2h30 en VOST. Dit comme ça, Aquarius ne fait pas très envie. Et pourtant, le louper serait se priver d’une des meilleures oeuvres de l’année. Parce que malgré ce postulat de départ peu engageant, Aquarius s’avère être un film fort, où l’on ne s’ennuie pas une seconde. Un très beau film, qui nous fait passer par toutes les émotions possibles et duquel on ressort bouche-bée.
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